La palette de Komili offre une nature lumineuse, pleine de chaleur et de vie semblant reconquérir ses territoires malmenés, désertés. Pour autant, une fois l’euphorie de la facilité contemplative passée, l’œuvre nous laisse dans un vertige, face à nous même, face à nos visions, face à nos interrogations.

Ces paysages que dresse l’artiste deviennent alors tout à fait paradoxaux, à la fois ordinaires, comme toutes ces choses que l’on voit sans les regarder, comme tous ces lieux que l’on traverse sans nous y arrêter, sans nous y attacher, ils sont aussi, en même temps, sublimés, dévoilés à travers un œil qui n’est alors plus le notre, ils ont désormais toute notre attention. Dès lors, le paradoxe s’accentue et ces lieux deviennent le lieu de la présence et de l’absence, du passé et du présent, voire de l’avenir, de l’ombre et de la lumière, de la civilisation et de la nature.

Komili ne nous impose aucune lecture, aucune vision, on ne sait pas vraiment où ni comment, quand et pourquoi, on cherche, on s’accroche parfois peut-être à un titre pour ne pas se perdre et pourtant, c’est là tout l’intérêt, la liberté. Ces « terrains libres » nous laissent sans réponse, dans notre quête de sens, on ne sait plus qui de la nature ou de l’artifice s’empare de l’autre, on en vient à imaginer les prolongements de ces fragments de l’espace et du temps, on contemple, on s’agite, on s’indigne, on admire et on se libère puis on recommence.

Finalement, chez Komili, ses toiles sont habitées, sans quoi elles ne seraient rien, ces paysages sont pour elle comme des individus, « ils ont une présence » qu’une contemplation passive ne suffit pas à révéler, il faut aller à leur rencontre, il faut se libérer à leurs cotés, il faut vivre ce paradoxe pour finalement en extraire toute la substance.