Juss Piho, peintre estonien reconnu, réalise des peintures qui sont semblables à des histoires courtes. Tout au long de son oeuvre, sa façon de penser et d’imaginer est intrigante et omniprésente.

Certains artistes passent au travers de récits pour réduire la forme, l’image et la couleur, en faisant appel aux associations émotives abstraites du spectateur, mais dans le cas de Piho, c’est l’inverse.

Les sources de sa créativité et de sa technique se trouvent dans des extraits d’histoires inexistantes, dans les objets familiers et dans les personnes, qui le poussent à créer des surfaces, communiquer des températures de couleurs et des détails précis, tout en nuances.

En regardant le travail de Piho, on a l’impression que son idée s’est arrêtée avant de commencer à peindre, rappelant quelque chose ou quelqu’un, entrelacé avec la vision de l’artiste. Ainsi, des images réelles deviennent des secondes réalités dans les peintures – des mondes parallèles qui existent mais séparément les uns des autres.

Dans les oeuvres de Piho, les détails sont en contact avec les personnages de l’image, poussant ainsi à chercher des raisons pour lesquels ils sont dans la même scène ensemble. Quelle est cette cuisine, ce salon, ce jardin, cette pensée, qui a trouvé sa voie vers le studio de l’artiste ? A qui est cette lampe dans le coin de l’image ? A qui est ce chien qui longe la rue ? Qui vit dans cette maison devant laquelle passe cet homme ? – D’autres questions se posent – à quoi pense-t-il, où va-t-il, qui est-il ?

Lorsque nous apprécions les oeuvres de Piho, ces questions se posent presque d’eux-mêmes, faisant ainsi de son art quelque chose de fascinant. On s’arrête un instant, on cherche des réponses, on se dit que le monde imaginaire est riche face au monde réel, et vice versa. Il ne faut qu’une pensée pour associer les deux, pour la pleine réalisation des possibilités de la vie, réelle et métaphysique.

L’élément central des oeuvres de Piho est sans doute les personnages qui passent ou qui s’arrêtent, un élément que le spectateur est invité à reconnaitre. Pour que l’art atteigne son but et réalise son sens, il faut la place pour le reconnaitre, pour trouver les détails qui interpellent, pour provoquer des conversations différentes et plus profondes que d’habitude.