Au seuil de l’ombre
Du 10 juin au 29 juillet 2023 – Vernissage samedi 10 juin de 17 h à 21h
Floris Dutoit, Amy Hilton, Hervé Ic, Barbara Leclercq, Damien Mouliérac, Chloé Poizat, Lionel Sabatté
Au seuil de l’ombre
L’exposition Au seuil de l’ombre est une invitation à prendre pleinement conscience que nous ne vivons que dans un monde d’apparences dont la science ne fait qu’ausculter avec soin la surface. Derrière ce rideau, demeure cette ombre sans fin, un inconnu prêt à nous livrer l’envers de la connaissance.
C’est en effet en re-mettant en question le statut de l’œuvre d’art, en nouant des liens entre art et science, ésotérisme, en rassemblant des objets hétéroclites que seule la variété rapproche, en renouant avec les interrogations fondamentales qui ont toujours accompagné l’humanité, en renversant ce trop-plein d’évidences, que nous serons à même de ressentir l’ensemble des forces qui nous traversent.
Parce qu’ils sont libres d’aborder l’inconnu par des méthodologies non contraintes, c’est-à-dire régies par nul
Ordre, les artistes ont la possibilité d’explorer l’infini des domaines qui résistent encore à la science. L’imagination est la seule à pouvoir combler cette distance qui nous tient éloignés de la Nature profonde de toute chose. Leurs travaux sondent les arcanes qui nous entourent, explorant tel Love-craft les entrailles de la terre pour y entrapercevoir des territoires hantés par des manifestations paranormales, des phénomènes de la perception extra sensorielle et dont Matheson nous dit qu’elles résident encore inexploitées en chacun de nous. Dans cette quête de la connaissance métaphysique, les artistes ne craignent pas de côtoyer la folie, de se perdre dans le mystère des nombres, de chuter tête la première dans le vide absolu de ce trou noir qui recèle l’athanor, pierre de l’ombre, dont l’origine remonte au big-bang, quand le chaos primordial devint une source vive de lumière.
Animé par une irrépressible curiosité, à la fois vitale et morbide, l’être humain a cherché en tout temps une vérité dont l’essence fabuleuse ne peut être qu’empreinte à la fois de pureté et de barbarie. Il lui est substantiel d’explorer toujours l’inconnu, quitte à réveiller au fin fond de contrées inexplorées, de vallées inaccessibles ou de profondeurs océaniques, quelques krakens ou êtres magiques, de sonder son inconscient jusqu’à ;faire resurgir ses instincts les plus primitifs, et de pénétrer les données alchimiques des signes et des nombres.
Les cabinets de curiosités que l’on qualifiait de « chambres des merveilles » nous ont livré depuis le XVIe siècle, la preuve qu’au-delà des territoires connus, existait un merveilleux qui ne demandait qu’à être découvert. Écrivains et artistes ont puisé dans les premières explorations un terreau fantasmatique pour leurs créations, des découvertes qui ont ouvert la voie aux Naturalistes et ont nourri la tentaculaire famille des sciences humaines, anthropologiques, physiques, psychiatriques, neurologiques…
Les recherches scientifiques, aidées par le développement des technologies, que nous estimions aptes à résoudre les mystères des anciens ou conforter ce que nous tenions pour acquis, n’ont fait qu’en révéler de nouveaux et annihiler nos certitudes. Il résiste en effet toujours des parts d’ombre, celles même des forces mécaniques qui animent l’univers, de la profondeur infinie du cosmos, ou encore des propriétés physiques de la matière, de la capacité de communication entre les êtres vivants, du potentiel psychique de tout individu. Ce « pouvoir d’enchantement1 » présent dans tous les éléments constitutifs de l’univers nous montre que l’homme reste, en toute situation de recherche, Au seuil de l’ombre.
Robert Fohr, « Musée », In Universalis éducation [en ligne].
Galerie Henri Chartier, 3 Rue Auguste Comte, Lyon 2ème Tél : 06 70 74 80 92
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