Émoi Photographique « Arborescence »
Du 25 mars – 30 avril 2023. – Weekend d’inauguration 25- 26 mars
Vendredi 24 mars 17h Inauguration au théâtre d’Angoulême
18h Inauguration de l’Hôtel du Palais programme 2023
Ça y est ! Le festival l’Émoi Photographique a dépassé l’âge de raison de trois ans et va fêter son premier anniversaire à deux chiffres : 10 ans. Avec le plaisir, la fierté, d’avoir exposé 233 photographes au cours de ces dix éditions.
J’en profite pour remercier tous ceux qui se sont investis avec Yann et moi-même pour faire de notre projet le leur, nos amis bénévoles, les photographes, les élus, les équipes qui nous reçoivent, les administrations qui nous subventionnent, les donateurs qui nous soutiennent, les journaux et les visiteurs qui parlent de nous.
Chaque année nous proposons au public un mélange de genres, nous ne désirons pas le désorienter par simple amusement mais visons à rendre visible la particularité du travail d’auteur. Celle-ci étant due au fait que le terreau de chaque travail est la vie de chacun de ces auteurs, de leurs engagements, de leurs joies, de leurs faiblesses et de leurs forces. Il ne peut donc qu’être intimement lié à son créateur et, grâce à cela, n’entre en compétition avec aucun autre.
Notre chance et notre plaisir sont de les rassembler, pour les présenter comme des réflexions à envisager autour d’un thème à appréhender, pour réfléchir un peu plus loin à chaque exposition.
Après le décalage dû au Covid, nous voici donc à la 10e édition sur le thème de :
« Arborescence »
porté par le travail éponyme du photographe Olivier Muhlhoff. Une ode à la nature qui procure un émerveillement face au monde transfiguré par l’auteur où la photographie se charge de toutes les émotions que la nature procure.
À l’instar de celui d’Olivier Muhlhoff, le travail de Véronique Durand Nemo et celui d’Alain Riviere-Lec?ur se font magnificence de la nature. De la base de l’arbre à sa frondaison, l’être humain se fait son sujet, entre en symbiose, en s’inscrivant dans ses structures.
Jean-François Delhom, quant à lui, théâtralisera son ode au développement de l’arbre en un hommage à son adaptation, sa longévité, une arborescence transmise comme une sagesse du fond des âges.
Et puis, il y a l’humain et la nature, homme ou femme, peu importe, le duo se veut unicité avec Amandine Crozat, Carole Tauziat, Caroline Polikar, Adélaïde Mairot, Daniel Nassoy et Pedro Errante.
Mais le thème de l’arborescence ne peut se limiter à nos rapports à la nature puisque le terme lui-même implique une base, un développement et une finalité.
Nous envisageons avec les réalisations de Fanny Lelièvre et Brice Bourdet, les causes et conséquences de nos vies numériques : avantages et problèmes se côtoient dans ces travaux liés à notre vie moderne. Le duo Novowestern a choisi de déployer le temps de l’été en une suite d’associations d’idée, conscientisant ainsi le principe de la pensée en arborescence comme Middy Sebolavy dont on ne sait si c’est sa vie personnelle ? Privée ? ou sa vie artistique qui s’inspire de l’?uvre d’art.
La généalogie, pour passer à la facette suivante de l’arborescence. C’est ce que nous proposent Véronique Baudoux, Eric Courtet, Paul-Emile Objar, Katia Aumailley, Isabelle Bonameau Lemordan, Michaël Serfaty, Jean-Michel Delage et le duo constitué de Georges Pacheco et Estelle Granet en un subtil kaléidoscope plutôt qu’une boule à facettes car les histoires familiales souvent se ressemblent tout en gardant leurs spécificités, elles sont donc uniques.
Grâce à Valerie Evrard, Rose-May Philipe, Muhanad Baas, Jérémie Blancféné et Muriel Pierrot nous vous faisons la proposition suivante : celle-ci part de l’intime avec Valérie Evrard, voyage intérieur d’une voyageuse photographique. Valérie Evrard pose ses voyages sur ses autoportraits, ses cheminements dans le paysage de sa peau.
Ses voyages commencent et reviennent à soi. Rose-May Philippe étend un peu le territoire : de soi, elle va au groupe. Un lieu, là où la dune du Pyla s’entremêle aux arbres, les grignote, les étouffe. Un espace où la vie humaine enlace les arbres, enfonce ses pieds dans le sable mais où, contrairement au pays du Mordor de Tolkien, les arbres n’ont pas pu lever leurs racines du sable pour échapper au feu. La sève a coulé comme du sang mais elle s’est embrasée.
La cohabitation de l’humain et de la nature sur ce territoire, cette année, a été funeste. La continuité des étés familiaux a été rompue aux « Gails ». Muhanad Baas nous propose un portrait de société à travers le récit de la vie de sa mère. Portrait d’un pays en filigrane de la vie d’Hajar Sadek, dans une Syrie que l’actualité a fait oublier. Il n’y a pas que les êtres humains et les arbres qui s’effondrent, se décomposent après leur apogée, survivant ou renaissant d’un enfant ou d’une graine, on espère que les pays aussi. Jérémie Blancféné se pose en miroir de cette nature à laquelle certains aimeraient parfois s’imposer, un peu, beaucoup, infiniment, ceux qui n’en ont pas envie eux s’interrogent.
Jérémie Blancféné en disparaissant derrière le miroir laisse sa place à chacun d’entre nous. Muriel Pierrot termine cette gradation de l’infiniment petit à l’infiniment grand par la transformation littérale de graines en planètes suspendues. Dans le noir sidéral, elles lévitent telles les bactéries qui ont traversé l’espace pour transformer une boule de sable en notre planète bleue et verte. Devenues mystérieuses presque méconnues, elles sont notre genèse.
Il y a 10 ans, nous avons commencé l’aventure par une édition entièrement consacrée à l’Afrique, depuis, chaque année, le continent s’invite dans notre programmation. En 2023, ce sera spécifiquement le Burkina Faso. Le photographe Warren Saré revient en résidence avec le CAJ CSCS de La Grand Font d’Angoulême et nous découvrirons Adrien Bitibaly qui, comme Axel Pilyser, nous offre une arborescence du vaudou.
Voilà, j’ai terminé ma part pour aujourd’hui, vous présenter la sélection de cette 10e édition. Dans quelques mois toutes ces images seront collées, encadrées, suspendues, clouées, éclairées… et elles vous raconteront leurs histoires, chacune à sa manière, en chuchotant, en criant, en vous sautant au visage ou en vous éblouissant. Il ne vous reste qu’à venir à Angoulême les regarder pour les découvrir.
Peggy Calvez-Allaire