Au début des années 90, un voyage dans le nord de l’Espagne de Saragosse à Burgos lui  procure une intense émotion quand il découvre la peinture sanglante de retables enchassés dans l’obscurité des chapelles et cathédrales .

S’ensuivent des thèmes comme Castille et Aragon, Rosa Negra et d’autres, témoins des questionnements personnels comme Dérive, Bataille, Rupture, Errance, Fatum, Voyage Mental. On assiste à l’Aporie entre la loi et la Pulsion, à une peinture chargée en  matières, avec  des corps sous-jacents, une peinture de l’intérieur, une peinture des chairs.

Rencontre importante avec l’artiste catalan Jordi Cerdà. Ils démarrent, alors, une collaboration, qui dure encore, initient un processus  qu’ils appelleront Parallélisme, une oeuvre commune co-signée.

2004 : un grand tournant. C’est la proposition  de l’écrivain,  Gérard Georges Lemaire d’Art, spécialiste de Kafka : produire un film à partir de la nouvelle « Description d’un combat «  La plongée dans cet univers exaltant est au début d’un compagnonnage de nombreuses années, au cours desquelles Claude Jeanmart produira films, grandes toiles, nombreux photo-montages numériques.

Durant ces années, d’autres œuvres littéraires ont été explorées sources de films, de peintures et de photo-montages numériques. C’est Patricia Runfola, Nerval, Karel Capek, Diderot Gérard

Georges Lemaire, Max Guedj.

2009 : Avec Diderot C. Jeanmart a découvert, sensibilisé par  la fréquentation de sa voisine devenue aveugle, un monde particulier, celui des non-voyants et de  leur mode de communication, le toucher.  Son intérêt de toujours pour le Corps, l’a poussé à explorer le dessin en aveugle, par le toucher seul. Les yeux bandés, celui qui dessine touche le modèle, qui à son tour dessinera par le toucher, l’artiste. Ce seront « les Répliques ».

Il s’agit de dessiner ce que l’on sent, et non pas ce que l’on sait.        

Les séries des Géantes envahissent les murs sur des calques polyester de  2 m x 0,90, peints aux encres de couleur, à partir de dessins en aveugle repris par ordinateur, agrandis et projetés. Après les premières GÉANTES, ont suivi les GEANTES AGILES, les GEANTES par MONTS et par VAUX, les GRANDS PORTRAITS, les APSARAS et finalement les ATLANTES.

Avec la linogravure par découpe robotique au laser, les personnages des atlantes sont imprimés « au pied », utilisés en foule, ils   génèrent la série des 10 GRANDS TRIPTYQUES.

Aujourd’hui le travail en cours s’appelle COUPLES-COLONNES. Pour la première fois il souhaite installer dans les deux formats de la colonne, des couples : femme- homme, femme-femme, homme-homme.

Le total mesure 3,15 m de haut sur 1 m 80 de large.

Il travaille en aveugle à partir de photographies de couples évoluant à la verticale, ou couchés au sol, pour suggérer colonnes et chapiteaux. Avec le 5° Couple Colonne, il a  systématisé ce travail recto et verso jusqu’à obtenir une oeuvre pouvant se regarder des deux côtés : le recto « civilisé », voulu, et le verso primitif, inattendu.

Denise Jeanmart      08 – 2022