Tao Douay – Résidence Trigone 2023

Dans la lignée du travail de François Boutaud dans la cité des arts du Carla-Bayle, Tao a investi une autre place forte et inspirante du territoire ariégeois, le Mas-d’Azil. Dès lors, le photographe nous invite à venir sillonner avec lui ces lieux, ces chemins, et questionner ensemble les limites du visible et de l’imaginaire. 

De l’imaginaire, où devrait-on dire du ressenti, de ce qui subsiste, des traces de passages si anciens qu’il devient impossible d’en définir une année numérique. Ces photographies sont empreintes à une sensibilité à fleur de peau, si particulière à la démarche de Tao, et la matière argentique ne devient alors qu’un support, traducteur de l’œil qu’il pose sur le paysage. 

Cette matière, c’est aussi le fruit d’une appropriation par la Nature elle-même de l’incroyable naissance des images latentes. Les plantes indigènes, mises au cœur du processus de développement, sont venues façonner, dessiner, jusqu’à décider de la teinte que devait prendre cette série. 

Et c’est là ce que nous raconte Tao, si les tracés humains sculptent le territoire, la Nature qui nous entoure continue de façonner nos vies, de faire écho à nos vécus et de prendre une place essentielle dans notre intimité, même si dans nos yeux, tout cela se passe à la frontière du visible.

Tao Douay est né près de Toulouse, et il a vécu depuis, dans une de ces maisons de charme que sont les anciens presbytères, et dans un petit village perché sur les collines du Comminges qui a pour nom Montaut. 

Montaut a pour singularité d’avoir un habitat si disséminé que le village se résume à son église, son presbytère, une vague place, et trois ou quatre maisons… Autre singularité, le cimetière est resté accolé à son église et fait partie lui aussi du cœur du village. L’enfant Tao a pu s’amuser, rêver, imaginer entre les tombes et les cyprès.

Au sein de cette enfance isolée, une parenthèse fondatrice le transformera à jamais. Sa famille quitta Montaut pendant quelques années, pour une petite ville du Chili à l’orée du désert. Une période marquante qui se termina par un retour forcé en France, et un sentiment de déracinement irrépressible.