Joan Jordà – Ombre et lumière
Du 2 juin au 24 septembre 2023
En investissant deux lieux d’exposition emblématiques – La galerie 3.1 et le Château de Laréole – l’exposition Ombre et lumière crée l’événement. Un geste fort pour permettre aux Haut-Garonnais de découvrir ou redécouvrir l’œuvre du peintre catalan.
Saluer le talent d’un artiste majeur du 20ème siècle, tel est l’objectif du Conseil départemental avec cette double exposition organisée durant l’été. L’une est présentée au Château de Laréole (jusqu’au 24 septembre), l’autre au sein de La galerie 3.1 (jusqu’au 26 août). Il faut dire que le peintre et sculpteur Joan Jordà occupe dans le cœur des Haut-Garonnais une place singulière.
Exilé en France en 1939, pour fuir la dictature de Franco, il s’installe à Toulouse au sortir de la Seconde Guerre mondiale et vivra dans la ville rose jusqu’à ses derniers jours. Il incarne à ce titre la mémoire de l’exil républicain espagnol (la Retirada). « Joan Jordà nous a quittés en 2019 à l’âge de 91 ans, rappelle Muriel Sirat-Jougla, commissaire de l’exposition, dont 75 années passées au service de son art qu’il exerçait avec une passion dévorante sur de multiples supports ». Car, traversée par l’exil, son œuvre est aussi (et surtout) « un voyage au cœur de l’homme, de ce qui le constitue et le traverse : la beauté, la laideur, la souffrance et l’amour », poursuit-elle.
Plus de 150 œuvres exposées
Baptisée Ombre et lumière, cette rétrospective prend donc une double forme. Au Château de Laréole, lieu patrimonial dédié aux expositions d’art, un parcours thématique et chronologique est proposé, permettant de découvrir ou redécouvrir l’œuvre de l’artiste. À La galerie 3.1, l’exposition donne à voir une série d’œuvres plus contemporaines, dont un projet initialement conçu pour la station de métro les Carmes à Toulouse. Au total, ce sont plus de 150 œuvres qui sont mises en lumière, parmi lesquelles des toiles peintes (acryliques), des dessins et des sculptures. « Nous souhaitons que [le visiteur puisse] cheminer avec lui et trouver cette « complicité de regard » qu’il appelait de ses vœux », confie Muriel Sirat-Jougla.
Une dénonciation des totalitarismes
« La peinture n’existe que par le regard des autres, écrivait précisément le peintre dans ses notes d’atelier. Chanceux, celui qui rencontre une “complicité de regard” pour le soutenir dans sa longue quête et peut-être l’engager sur de meilleurs chemins ». Cette quête, Joan Jordà la débute dès 1947. Il se forme ensuite à l’École des Beaux-arts de Toulouse entre 1954 et 1957. Sa première exposition est organisée en 1976 : elle marque le début de son engagement à dénoncer la violence et les aberrations des pouvoirs totalitaires. Les œuvres liées à cette thématique jalonnent son parcours artistique, mais voisinent aussi avec des productions plus lumineuses, témoignant de son amour de la vie.
Sa connexion avec le public n’aura par ailleurs jamais cessé : en 1979, il est l’un des membres fondateurs de la Coordination des artistes plasticiens de Toulouse (CAPT) qui ambitionne de faire découvrir l’art contemporain au grand public. Nombreux, enfin, sont les Hauts-Garonnais pour lesquels Joan Jordà est une figure familière : une sculpture consacrée à la Retirada, et commandée par la ville de Toulouse, est visible de tous dans le quartier des Minimes, adossée à la Casa de España.
Château de Laréole, 31480 Laréole Tél : 05 61 06 33 58
La galerie 3.1, 7 rue, Jules Chalande – 31000 Toulouse Tél : 05 34 45 58 30
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