Yoan Sorin « Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ? » – Embrun

Yoan Sorin "Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ?" - Embrun © f.deladerriere

Yoan Sorin « Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ? »

Du 27 avril au 4 juin  2022

Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ? Là où, selon l’intui­tion brû­lante d’un enfant par­ti­ci­pant à la rési­dence en milieu sco­laire, il serait pos­si­ble d’appro­cher l’endroit idéal pour appren­dre et échanger. Marie Preston et Yoan Sorin sont artis­tes invi­tés cette année, ils sont inter­ve­nus auprès de quatre clas­ses des deux écoles pri­mai­res d’Embrun, Pasteur et Cézanne.

Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ? est une expé­rience et une expo­si­tion col­la­bo­ra­tive qui sont sous-ten­dues par la ques­tion de la trans­mis­sion et ses condi­tions au sein de l’école bien-sûr mais aussi en-dehors, pour­sui­vant l’idée d’une société éducatrice. Marie Preston et Yoan Sorin ont moins défini un cadre qu’ima­gi­ner des mises en rela­tion et de nou­vel­les maniè­res de faire et d’appren­dre auprès des autres : les cama­ra­des de clas­ses, les ensei­gnants, les famil­les et tous ceux qui sou­hai­tent par­ta­ger leurs savoir-faire.

La décou­verte est pos­si­ble par­tout, ici comme ailleurs. Les enfants ont ainsi visité Le Gabion, un centre de for­ma­tion en terre crue situé en péri­phé­rie d’Embrun et ils ont été ini­tiés à la pra­ti­que de la van­ne­rie par Lucile Bou, une arti­sane haut-alpine. Il s’est agi de dépla­cer le regard, créer les condi­tions du dépay­se­ment par l’appren­tis­sage de gestes nou­veaux, l’appré­hen­sion phy­si­que de maté­riaux et la mise en commun d’intui­tions. Un par­tage sen­si­ble du faire qui a côtoyé, tout le temps de la rési­dence, des moments d’écriture, de res­ti­tu­tions d’impres­sions et d’émotions.

Marie Preston, dont la recher­che artis­ti­que porte sur les pra­ti­ques de co-créa­tion, notam­ment leur lien avec les péda­go­gies alter­na­ti­ves expé­ri­men­tées depuis les années 70 en France, a pro­posé aux élèves et leurs pro­fes­seurs de réa­li­ser un jour­nal sco­laire sur le modèle de celui ima­giné par Célestin Freinet dans la pre­mière moitié du XXème siècle. Après avoir adapté les outils pro­fes­sion­nels de l’impri­me­rie aux enfants, le péda­go­gue avait fait ins­tal­ler le maté­riel d’impres­sion en classe. Les élèves pou­vaient ainsi l’uti­li­ser de manière coo­pé­ra­tive et témoi­gner de leurs acti­vi­tés en cours.

Ici, l’artiste et cher­cheuse a sug­géré que le jour­nal se déploie sous dif­fé­ren­tes formes : des livrets et des affi­ches, lar­ge­ment dis­tri­bués et dif­fu­sés dans les écoles et la ville le temps de la rési­dence, puis dans l’expo­si­tion sous la forme d’une édition. Parallèlement la radio Ram 05 et le Dauphiné Libéré ont mis à dis­po­si­tion sur leurs sup­ports res­pec­tifs des espa­ces de libre expres­sion. Toutes les semai­nes, en plus de décou­vrir les roua­ges de la presse papier et les stu­dios d’enre­gis­tre­ment radio­pho­ni­que, les enfants ont livré leurs impres­sions sur l’expé­rience menée au plus grand nombre. Ce projet n’avait de sens que s’il débor­dait du contexte même de l’ins­ti­tu­tion à savoir l’école et le centre d’art. Il fal­lait faire enten­dre les voix des enfants hors des cadres qui leurs sont habi­tuel­le­ment dédiés et les mêler parmi toutes les autres.

L’expo­si­tion Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ? contient l’his­toire de sa concep­tion, elle a été pensée sur place, à mesure des échanges avec et entre tous les pro­ta­go­nis­tes du projet. Avant la rési­dence, Yoan Sorin n’avait aucune idée pré­conçue de la forme qu’elle pren­drait. C’est d’ailleurs une de ses habi­tu­des de tra­vail, une manière pour lui d’être par­fai­te­ment à l’écoute d’un lieu, de son his­toire et de celles et ceux qui l’ani­ment. L’artiste se nour­rit aussi bien des pra­ti­ques arti­sa­na­les ren­contrées que des récits enten­dus. Il tra­duit les gestes, les formes et mots des autres en une langue intui­tive hybride.

À partir des des­sins et textes libres des élèves citant régu­liè­re­ment la cabane dans les bois, le soleil immense et les ani­maux sau­va­ges comme décor rêvé de leur vie d’enfant, il a cons­truit aux Capucins un concen­tré de pay­sage, dans lequel chacun peut pro­je­ter ses désirs de nature, de convi­via­lité, de soli­tude aussi. Un endroit foi­son­nant, jalonné de ponts, riviè­res et pas­se­rel­les comme autant de che­mi­ne­ments pos­si­bles de la pensée, parce que l’his­toire de cette expo­si­tion n’est pas linéaire, parce qu’elle est avant tout animée par le tra­vail de l’ima­gi­na­tion dont le ter­rain est tou­jours ins­ta­ble, en mou­ve­ment.

Avec Qui pour­rait nous emme­ner près du soleil ? Yoan Sorin conju­gue le sin­gu­lier avec le plu­riel, à l’image de la grande pein­ture murale qui rythme l’expo­si­tion et réa­li­sée à tour de rôle par tous les élèves de la rési­dence. Par l’appli­ca­tion de quel­ques déli­cats lise­rés de bleus ciel et verts d’eau, l’artiste fait enten­dre une musi­que har­mo­nieuse dans le brou­haha char­mant et exalté des des­sins d’enfants jux­ta­po­sés.

Solenn Morel

Centre d’art contemporain Les Capucins, Espace Delaroche, 05200 Embrun. Tél. : 04.92.44.30.87.

Ouvert du mer­credi au diman­che de 16h à 19h

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