Valérie du Chéné « Le ton monte » – Montpellier

Valérie du Chéné Le ton monte
Du 26 mars au 29 mai 2022 – Vernissage vendredi 25 mars 2022 à 18h00
Une exposition sur quatre sites de Villeneuve Lez Avignon
Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle
Musée Pierre-de-Luxembourg (exposition du 26 mars au 18 septembre 2022)
Centre des monuments nationaux – Fort Saint-André
Tour Philippe le Bel
Le travail de Valérie du Chéné, née en 1974 à Paris et formée à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, ainsi qu’à l’École Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art Olivier de Serres, opère selon une forme de réaction immédiate à un contexte donné et se construit sur la relation à l’autre et à l’espace. L’échange avec autrui, qu’il s’agisse d’adolescents en difficulté, de détenus d’un établissement pénitentiaire, de patients et employés d’un hôpital psychiatrique, s’avère être un principe fondamental dans sa méthode de travail. Cette dimension relationnelle lui permet de rassembler sous forme de récits, autant de situations de vie ordinaires qu’elle s’attache à retranscrire par la peinture et le dessin. En ce sens, son rôle s’apparente à celui du conteur, tel que Walter Benjamin l’aborde en 1936[1]. La collecte de récits est pratiquée pour sa valeur expériencielle : plus qu’une histoire, plus que l’Histoire, Valérie du Chéné relate des expériences, qui prennent une dimension universelle grâce à l’identification du public.
Dans Les plongeurs de Corte, série de 24 gouaches réalisée lors d’une résidence à Corte et à Bastia mise en place par le FRAC Corse en 2004, Valérie du Chéné restitue différents éléments prélevés dans son univers quotidien : des personnages en tenue de plongée, mais sans eau, des fragments de paysage à l’allure abstraite et indéfinissable, côtoient des phrases sibyllines dans lesquelles nous croyons pouvoir trouver une réponse, mais qui au contraire laissent perplexes. Énigmatiques, ces scènes ne sont pourtant jamais sinistres, mais teintées d’humour et imprégnées de couleurs. À partir de cette série, Valérie du Chéné adopte systématiquement la gouache dans sa pratique, pour ses valeurs d’opacité, son intensité et sa modestie. Les petits formats caractérisent également le travail de cette époque, avant que l’artiste passe aux grandes dimensions des wall paintings. Ils ne sont pas sans évoquer une autre tradition populaire et artisanale, celle des peintres d’ex-voto, typique du XVIIème siècle, à l’époque de la Contre-réforme. C’est par ailleurs Les plongeurs de Corte qui préfigure la série « Bureau des ex-voto laïques », développée deux ans après. Les qualités d’écoute et d’empathie du conteur sont à nouveau la base de Saumon, brandade et meringue (2013), une série de trois sérigraphies que l’artiste a réalisée suite à une résidence dans un lycée hôtelier à Montpellier. Elle y restitue les gestes et postures incongrues des élèves apprentis serveurs, qu’elle articule aux noms extravagants des plats servis au restaurant scolaire, fruit de leur imagination, dans un ensemble gorgé d’un surréalisme bienveillant.
À certains égards, ce lien entre langage imagé et parole écrite, comme deux faces de la même médaille, est à retrouver dans d’autres corpus de dessins (jusqu’au plus récent « Le piège » qui tire son inspiration de l’actualité) où les mots manuscrits accompagnent les traits essentiels en noir et blanc. Et alors, le conteur devient écrivain public, interprète de la réalité, capable de la traduire dans un aller-retour entre différents langages, sans oublier la centralité de la narration.
Stefania Meazza
2021
FRAC Occitanie Montpellier 4, rue Rambaud – 34006 Montpellier Tél. 04 99 74 20 35/36
À partir du 22 septembre : du mardi au samedi de 14 h 00 à 18 h 00