Thomas Mailaender « Lumière Passion » – Marseille

Thomas Mailaender « Lumière Passion »
Du 27 mai au 10 septembre 2022 – Vernissage jeudi 26 mai de 17h00 à 22h
Dans le cadre du Printemps de l’Art Contemporain 2022 !
L’on connaissait Thomas Mailaender en franc-tireur de l’exposition, en pirate de la technique, en collectionneur de bizarreries, bref, en bandit des grands chemins de l’art ; le voilà qui se présente à nous sous la double casquette de l’artiste industrieux et du contremaître. Il entend enduire, insoler, couper, coller, tirer, relier, projeter, plonger, recycler, détruire et, d’un même mouvement, exposer tous ces faits et gestes. Une fabrique donc, au beau milieu du Centre Photographique Marseille, qui tourne à plein temps et à plein régime. Là où, dans les musées, l’on accorde au moins un jour de repos aux oeuvres pour les laisser respirer, Mailaender fera du sans relâche, 24/7, et avec lui quelques mains et têtes supplémentaires.
À l’encontre du modèle normatif de la rencontre avec l’oeuvre – produit du génie de l’artiste, livré tel quel depuis les méandres de sa subjectivité unique –, c’est ici tout le processus créatif qui est mis en jeu et sous nos yeux, plutôt que sa seule finalité. Dans la lignée d’un Duchamp, qui parlait d’une « chaîne de réaction » pour qualifier le travail de l’artiste, la proposition de Mailaender se tient entre l’installation performée et la performance installée. C’est, en somme, une unité de production artistique qui sera donnée à voir, au sein de laquelle l’art, in statu nascendi, fait les trois-huit, pour enfanter des résultats suspendus à l’enchaînement des décisions, des repentirs, des échecs et des succès, de la volonté des matériaux et du temps passé en salle de repos, entre bières et pizzas.
Entrons donc dans le joyeux bazar organisé par l’artiste, nommé comme l’une de ces boutiques photographiques des « trente glorieuses » : Lumière Passion. À tout prendre, l’on devrait s’y sentir comme dans une fête foraine, dans la chambre risquée d’un chimiste en herbe ou dans le garage fourmillant d’un mécanicien amateur. L’on y verra les heureux stigmates du travail cérémoniel, fondé sur des protocoles variables, qui aura permis de faire des livres, des cyanotypes monumentaux à même les murs, un film, et d’autres objets vendus comme ceux qui sortent d’une usine.
Guillaume Blanc
Centre Photographique Marseille, 74 rue de la Joliette 13002 Marseille Tél : 04 91 90 46 76
du mercredi au samedi de 14h à 19h.