Sam Contis & Julien Creuzet – Nîmes

Sam Contis & Julien Creuzet
Du 1er juillet au 20 novembre 2022
Sam Contis
Dans le cadre des Rencontres de la Photographie d’Arles
Première exposition personnelle dans une institution française, Transit de Sam Contis présente des œuvres nouvelles et récentes issues de trois séries, dont des photographies couleur à grande échelle, des tirages gélatino-argentiques à échelle réduite et une projection vidéo. L’intérêt récurrent de Contis se porte sur le corps en mouvement – en mouvement dans le paysage et dans des états transitoires d’identité. Dans ses images de l’équipe lycéenne de cross-country, elle examine le passage du temps (temps photographique, temps biographique, temps culturel) tout en se référant aux représentations historiques des femmes et aux premières études de mouvement d’Eadweard Muybridge et d’Étienne-Jules Marey. Ses sujets adolescents ont pour toile de fond le paysage tendu et politiquement divisé de la Pennsylvanie – un paysage dans lequel le contrôle de la femme sur son corps est nouvellement menacé.
Une deuxième salle présente des œuvres réalisées lors de promenades le long d’un vaste réseau de sentiers dans la campagne anglaise, qui permettent un accès public à des terres privées. Elle se concentre sur les échaliers que l’on trouve sur ces chemins, ces structures simples qui permettent de passer par-dessus les murs et les clôtures. Dans ses images, les échaliers deviennent des formes sculpturales répétitives dans le paysage, une invitation à la liberté de mouvement d’une part et un rappel de l’histoire de la clôture d’autre part.
Les deux dernières salles présentent des œuvres de la série Deep Springs, réalisées entre 2013 et 2017 dans le haut désert californien. Dans ce travail, Contis s’engage avec la mythologie omniprésente de l’Ouest américain. Ses protagonistes sont les étudiants d’un petit collège isolé d’hommes ; une artiste féminine dépeignant un espace traditionnellement réservé aux hommes, elle révèle un paysage qui n’est pas statique mais plein de possibilités, permettant l’émergence d’une conception plus expansive et fluide de la masculinité.
Julien Creuzet
Les œuvres de Julien Creuzet (né en 1986 en France) laissent entrevoir des histoires douloureuses, à la fois personnelles et plus universelles sans qu’il soit possible de séparer les unes des autres. Il place au coeur de ses installations le lien entre identités et économies qu’il s’agisse de trajectoires transatlantiques des Antillais ou celles des migrants du sud. Si les termes « archipéliques » et « créolisation » reviennent comme des mantras dans son vocabulaire ou dans les articles écrits sur lui, c’est qu’il s’agit bien d’une manière de faire et d’être au monde, fragmentaire et traversée par une multiplicité d’identités.
Dans cette vidéo il sonde subtilement et poétiquement un autre aspect de la colonisation, le commerce, l’exploitation des ressources naturelles, de créatures vivantes, de faune et de flore, d’hommes et de femmes. Sur fond noir sont superposées des photographies en noir et blanc de diverses plantes sur des images en couleur d’oiseaux et d’objets. Il a dessiné sur ces images, dissimulant certains éléments sous une masse épaisse de gros traits noirs et rouges qui ressemblent à des feuillages. Parfois, ces collages sont entrecoupés d’images flottantes de petites figurines, comme le cowboy qui cède la place à une représentation stéréotypée d’un homme indigène. Ces images envoûtantes sont accompagnées d’une musique mélancolique et douce écrite et composée par l’artiste. Intitulée Blogodo d’après une onomatopée créole qui évoque la brutalité et la vitesse, cette pièce sonore mêle paroles anglaises à des morceaux de créole. Tout comme les formes hybrides que Julien Creuzet sculpte, le langage dans lequel il écrit est composite. On retrouve l’idée de créolisation par laquelle Edouard Glissant décrit les résultats imprévisibles des croisements interculturels. « je vous présente comme une offrande le mot créolisation, pour signifier ces résultats extraordinaires imprévisibles, qui nous empêchent d’être convaincus d’une essence » (Edouard Glissant).
Cloud Cloudy Glory est une transe, un conte où se rencontre différents imaginaires. Les œuvres de Julien Creuzet sont aussi des offrandes, signifiant des possibilités inattendues et d’autres possibilités du monde.
Galerie Norman Foster, Carré d’art de Nîmes, Place de la Maison Carrée. 30000 Nîmes. Téléphone : 04 66 76 35 70.
Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h. Samedi et dimanche de 10h à 18h30