«Regards croisés N4» Evelyne Maubert, Titos Kontou, Alain Gegout – Fabezan

«Regards croisés N4» Evelyne Maubert, Titos Kontou, Alain Gegout - Fabezan

« Regards croisés » Evelyne Maubert, Titos Kontou, Alain Gegout

Du 6 au 31 juillet 2022  –  Vernissage samedi 9 juillet à partir de 18h

Evelyne Maubert

Mon travail part de la figure, de l’image de l’homme. Il met en forme ses combats intérieurs, sous les traits d’une humanité onirique. L’ œuvre est parfois troublante, paraissant surgie de quelques songes.

Tantôt surface prête à recevoir le pigment, tantôt volume, le papier se joue de multiples facettes.

D’un mutisme de papier, les volumes nous embarquent vers un monde mystérieux.

Ils évoluent entre rêves et réalités.

Les œuvres nous parlent également de la dualité, elles s’aventurent dans les fouilles de notre intimité, elles dessinent du dedans.

L’homme comme référent figuratif est irrémédiablement présent.

Titos Kontou

« Le message est osé, percutant et fort. Il invite à la réflexion, sur l’origine, notre condition, celle de notre monde. La violence, l’enfermement… et bien d’autres choses encore. Un Travail très riche et très mature qui interpelle dans l’idée confortable que nous avons, de nôtre humanité.
Titos est un artiste impliqué qui vient bousculer des codes pré établis. »

« Une palette élémentaire. Terre : ocre, bruns. Feu : noir charbon. Gris aériens. Bleus aquatiques. Teintes archaïques convoquant peintres pariétaux, forces souterraines et instinctives. La matière est travaillée en épaisseur, en densité. Violemment mais sereinement. C’est le paradoxe qui capte l’attention. Titos Kontou est doux. Sa rage est dans sa peinture. »

Alain Gegout

 Je croise des œuvres de l’artiste depuis longtemps. Faux, le verbe croiser n’est guère approprié car il faut dire que je m’arrête à chaque fois, je fais halte, je regarde, je prends le pouls de la chose, le mien, il me semble que ça colle. Le type, cet artiste peintre français né en 1951, cet alpiniste skieur, ce cyclonaute frénétique, cet aventurier aéré et enivré à l’air des Alpes, est formidablement doué. J’ai l’impression que c’est un homme bavard, logorrhéique mais, ne l’ayant jamais rencontré, je n’en suis pas sûr. Je le sens bien comme un créateur invétéré, un irrémédiable créateur qui utilise même le temps de parole qu’il s’impartit à créer des . sonores baroques, à modeler des phrases étranges, inutiles, absurdes et passionnantes dans le silence, à semer son passage de traces, d’éclaboussures, d’empreintes et de sons. Il y a sa muse, Flo, son inspiratrice qu’il torture et sublime sans cesse. Cette monstrueuse et somptueuse protubérance virtuelle de lui-même, ce phantasme incarné et estropié est une trouvaille sublime situé à l’improbable intersection entre la pataphysique de Jarry et la quête esthétique tourmentée d’Egon Schiele.
 
 Cette Flo polymorphe est un haut lieu de la singularité picturale, un pic investi d’affects, d’orages existentiels, de bouffonneries, c’est une glorieuse anti-héroïne, une divinité torse, une femme-tronc sans cesse pillée, un moignon somptueux, une majesté équarrie. Cette muse mutilée, cette gueule cassée et irrésistible est peut-être la métaphore la plus étourdissante de l’art d’aujourd’hui. Gegout nous apprend sans doute que dans les Alpes, en altitude, dans la confrontation avec la pente et avec le froid, dans l’affrontement à l’effort physique, on respire mieux qu’à Paris, plus profondément, plus subtilement, plus audacieusement, à l’écart, en tous les cas, de la nouvelle truanderie conceptuelle, à l’abri de l’art bradé, maquereauté à l’arnaque cérébrale, loin de l’écœurante manualisation intello-pruritaire qu’un puissant goût du lucre et du pigeonnage aiguillonne. Oh, les ignobles sépulcres barbouillés, les pesants bougnats de galerie, les entubeurs de rondelles gloutonnes et fortunées ! Gegout est un véritable oiseau par-dessus ces dégénérés et vicieux faisans d’élevage, piverts à bec de mousse, volailles embrochées de fond en comble. Attention, le sportif insatiable, le maniaque enivré, perfusé à l’effort, l’hygiéniste forcené, l’oblitéré au tampon de la santé sont quelquefois d’infréquentables engeances, des raclures de crétins qui peuvent vous piler les noix sans une once de ménagement et de lassitude. Et quand c’est fini, rebelote.

Revenons à notre bélier qui vaut tellement mieux que ces digressions intempestives. Avec sa muse difforme, polymorphe, instable, il atteint à une sorte de sincérité artistique inédite, troublante, enflée de vérités et de paradoxes en perpétuelle révolution. Mais un être, – et surtout s’il se met en tête de créer -, c’est ça, un projet architectural, une fêlure, un marc de splendeur, un champ de bataille, une liberté qui se débat, qui rue et s’ébroue, c’est l’écho répété d’un avortement et une aventure pleine d’aléas. La muse de Gegout est un voyage de l’être à elle toute seule, sa muse est une bande de Z, de corbeaux, de nymphes, sa muse est une compote existentielle. Et son égérie, c’est également un fou rire, une charcuterie métaphysique, un drame affreux, une tragédie de poche, de toile. La gravité et le risible ensemble, inséparables comme deux oiseaux en cage. Son égérie, c’est une inspiratrice qui expire et, phénix increvable, renaît de ses cendres, Flo, c’est Gegout, comme Emma était Gustave. Quel autre vrai sujet, au demeurant, pour un artiste que la femme ? Dieu merci, la femme touche à tout et élargit le spectre d’action de l’artiste. (Ho, je ne la cantonne pas au rôle d’inspiratrice, il y a des lustres que j’ai la passion de l’art féminin, de l’art selon les femmes ! Mes espaces l’attestent.). Mais l’oeuvre de Gegout est vaste et excède de loin le mystère d’un personnage. L’oeuvre exhale comme un puissant parfum la quête d’un graal dont parfois la silhouette de Flo esquisse la forme et l’élan.
 
 Denis-Louys Colaux
 

Centre des arts de Fabrezan . Avenue Café Peyrou
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