Karine Sancerry « [EAU]SMOSE » – Toulouse

L’exposition [EAU]SMOSE tisse une rencontre entre Karine Sancerry et les eaux de la Montagne Noire.

« Aller le long de la rivière, c’est prendre plaisir à la contemplation de l’eau en s’efforçant de s’ouvrir à elle pour être incorporé par elle. S’abandonner à la rivière a pour essence d’espérer patiemment que ces lieux s’ouvrent.

C’est donc faire entrer la rivière en soi pour en être le porte-parole. » Vilém Flusser- livre «Chose et non-choses»

L’eau comme personnage central. Tantôt élément, tantôt incarnée, tantôt source d’information subtile. Ici, elle donne à voir la brume et le brouillard, l’état de neige, de glace, de pluie.

Là, elle transmet l’information initiale par les rivières. Plongeant dans les eaux troubles et lumineuses pour récolter des paroles enfouies, Karine Sancerry s’improvise ainsi porte-parole de ces eaux qu’elle humanise !

Créant un rituel d’approche pour s’immerger dans une écoute attentive et respectueuse. Les mots, les images, les dessins jaillissent. Elle les ordonne, ils deviennent messager des eaux de la Montagne Noire. Telle est sa quête.

Bienvenue dans l’univers poétique de Karine Sancerry, artiste plasticienne habitant le Tarn.

En 2016, sa rencontre des Bajaus (nomades des mers d’Indonésie) fut les prémices d’un travail dirigé par la dimension écologique, environnementale et humaine dans le monde contemporain. De manière animiste, elle explore le point de convergence entre notre réalité et le monde des EAUX. Elle n’aura de cesse depuis, de transmettre l’essence de sa recherche au niveau sensitif sur cet élément. Son approche artistique laisse place à la part magique de ces mondes communicants, alliant la spiritualité et l’intuition. Un travail au présent, basé sur l’improvisation, la spontanéité du geste et l’écoute de ce qui l’entoure, guidée par la nature elle-même.

« L’instinct la meilleure des torches. Mon innocence voilà ma boussole.

Échanger avec les EAUX de la Montagne Noire et la représenter est pour Karine Sancerry un engagement nécessaire et vital pour proposer d’autres regards sur la nature et ainsi changer fondamentalement notre rapport au vivant.

Une quête intuitive où les ondes et les flux souterrains deviennent palpables par ses oeuvres et perceptibles par les mots et les images où l’espace laisse à voir une profondeur à multiple lecture.

Sacrée gageure qu’elle vous propose mais qui correspond à sa volonté farouche d’authenticité et d’ancrage dans un monde où les forces de la nature tant niées ne cessent de l’appeler.

Cyrille ATLAN

Comme des archéologues de l’invisible nous lisons dans la brume l’histoire des mondes. Réinventer les histoires c’est remettre de l’importance aux choses oubliées ou niées, c’est les rendre à nouveau sacrées aux yeux de tous…

Ici, l’histoire des eaux de la Montagne Noire, réinventé par Karine Sancerry.

Comment dire ce qui se passe de mot ? Comment traduire ces sensations archaïques, organiques, et mythologiques ? L ’eau à fleur de peau. Atteindre l’unité pour un état d’ [EAU]SMOSE.

Cette démarche animiste, reliée avec l’environnement, nous enseigne, peut changer notre regard ou continuer à le guider vers une conscience de ce qu’est la nature.

Car cette eau omniprésente, dynamise, soigne, donne vie, nettoie, et régénère.

Seule la rivière reconnue est réelle parce qu’intellectuellement saisissable.

Ici, la vibration de l’eau résonne et chuchote un message à Karine Sancerry qui en sera le porte-parole.

Immersion sauvage à l’écoute attentive et respectueuse.

Plongée dans les eaux troubles et lumineuses pour récolter les paroles enfouies. Laisser jaillir les mots, les images, les dessins, les ordonner.

Ainsi les messages de l’esprit cristallin des eaux de la Montagne Noire se révèlent.

Se reconnecter ne tant que Femme Source, c’est un mouvement, une expérience intérieure qui demande de déployer sa conscience à chaque étape de rencontre avec les eaux.

Suivre le flux de ses rythmes, se laisser traverser, comme source permanente de renouveau…

C’est d’abord dans l’intime et le secret, à l’écart du monde qu’elle peut retrouver cette sagesse perdue. A la Source, elle puise des mémoires de rituels pour se reconnecter à sa véritable essence.

Cette quête contemplative profondément liée aux rivières et lacs de la Montagne Noire ( la Martellière, lac du lampy, lac de faury, rivière de l’alzeau, la rigole) donnera naissance à diverses oeuvres : impressions monotypes, teintures à l’indigo (coton, laine feutrée), vidéos, installations, textes illustrés pour TRADUIRE LA BEAUTÉ DES EAUX

Protocole de recherche sur le territoire de la Montagne Noire :

– Aller le long des rivières, des lacs, sources.

– Se présenter au lieu (rituel), écouter le flux de l’eau, contempler, accueillir et délivrer le message.

– Prélever les eaux environnantes : échantillons d’eaux glacées, stagnantes, coulantes, vives…

– Dynamiser l’eau par l’intention et relever les informations résultantes des impressions et teintures effectuées. (La mémoire de l’eau, ses messages et ses états physiques sont mis en écrits, poétisés)

– Empreintes de l’eau par des monotypes. ( eaux vives , stagnantes, de marre , lacs et rivière)

Procédé d’impression d’une peinture sur verre reportée par pression sur papier humide, ici papier trempé dans l’eau environnante, une seule épreuve.

– Capter les lumières et reflet.

Les couleurs joueront de la transparence du liquide, de l’eau matière, du message de l’invisible.

– Enregistrer des sons alentours.

Les enregistrements du son primordial de l’eau seront distordues, transformés, et accompagnés de sons expérimentaux et mélancoliques, faisant appel à des échos, des résonances, évoquant la mémoireprésente et oubliée que transporte l’eau.

– Filmer les eaux prélevées dans son milieu naturel. (courts -métrages)

– L’installation immergera le spectateur dans l’élément pour l’appréhender au mieux.