Jagna Ciuchta + invité.e.s « Pleine lune en poissons » – Embrun

Jagna Ciuchta + invité.e.s "Pleine lune en poissons" - Embrun

Jagna Ciuchta + invité.e.s « Pleine lune en poissons »

Du 2 juillet au 28 août 2022

À l’occasion de ses 10 ans, le centre d’art organise une exposition réunissant celles et ceux qui ont contribué à son histoire : artistes, artisans, bénévoles et associations actives sur le territoire et engagées aux côtés des Capucins.

Nous souhaitons fêter cet anniversaire en célébrant l’énergie collective et les pratiques collaboratives qui ont porté jusqu’alors l’ensemble des projets. L’artiste Jagna Ciuchta est invitée à imaginer une scénographie associant ainsi pratiques amateurs et professionnelles, artistiques et artisanales.

Les Capucins ont 10 ans, bien­tôt 11. Parce que c’est l’âge où tout pousse et que l’énergie déborde, on doit renou­ve­ler ses bas­kets tous les deux ou trois mois. Le centre d’art est un pré-ado­les­cent qui use semel­les sur semel­les pour attra­per un monde qui gran­dit plus vite que lui.

Né sous une pleine lune en pois­sons, on lui pré­di­sait déjà tout jeune un tem­pé­ra­ment fou­gueux, sen­si­ble, ainsi que des pré­dis­po­si­tions à entre­te­nir de belles rela­tions avec les autres. C’est ce qu’il s’est attelé à faire ; au fil des ans il s’est cons­ti­tué une grande famille de cama­ra­des et d’ami.e.s.

Il a tou­jours su qu’il ne ferait rien tout seul, qu’il devrait s’entou­rer de per­son­nes qui ne lui res­sem­blent pas for­cé­ment. Pour son anni­ver­saire, il a rêvé d’un ras­sem­ble­ment joyeux, d’une expo­si­tion qui célé­bre­rait l’énergie que lui ont appor­tée toutes celles et tous ceux qui ont contri­bué à son his­toire, artis­tes comme arti­sans, béné­vo­les, col­la­bo­ra­teur.rice.s.

Il les a invité.e.s à pré­sen­ter une pièce, un docu­ment, au sein d’une ins­tal­la­tion in-situ, conçue par l’artiste Jagna Ciuchta, qu’il avait ren­contrée en 2015, à l’occa­sion d’une pré­cé­dente col­la­bo­ra­tion embru­naise. Le dis­po­si­tif d’expo­si­tion est ainsi une créa­tion spé­ci­fi­que, une terre d’accueil pour des pièces aux his­toi­res toutes dif­fé­ren­tes.

Ce ter­ri­toire ne pou­vait être qu’un ailleurs à toutes les œuvres. Au-delà d’ima­gi­ner des liai­sons pos­si­bles, des condi­tions de dia­lo­gue, il fal­lait penser une manière de faire com­mu­nauté. Jagna Ciuchta a ainsi renoncé aux effets de séduc­tion immé­diats qui ren­voient tou­jours à des ter­ri­toi­res connus, pour créer un pay­sage qui n’est celui d’aucune pièce en par­ti­cu­lier et donc celui de toutes.

L’expo­si­tion est une œuvre, com­po­sée d’une cen­taine d’autres. Elle est une île balayée par les vents. L’artiste n’a pas défini un che­mi­ne­ment, mais conçu son ins­tal­la­tion, tra­ver­sant l’espace des Capucins, comme un rhi­zome percé de portes. Entre, des parois d’accro­chage dont la struc­ture com­po­sée de rails métal­li­ques est recou­verte de pla­ques de plâtre, de plexi­glass ou encore d’osier tissé. Dès l’entrée, le regard est ainsi invité à cir­cu­ler entre les sur­fa­ces opa­ques et fure­ter dans les inters­ti­ces trans­pa­rents d’où cer­tai­nes œuvres révè­lent une partie intime d’elles-mêmes. Les murs dépour­vus de pièces ne sont pas pour autant vier­ges, ils pro­lon­gent visuel­le­ment le mou­ve­ment ondoyant de l’ins­tal­la­tion par des aplats électriques de pein­ture.

L’expo­si­tion est une île. Comme Lina Bo Bardi notam­ment en a ima­gi­née une pour le for­mi­da­ble Musée d’Art de Sao Paulo auquel se réfère sou­vent Jagna Ciuchta. En déga­geant le pla­teau d’expo­si­tion, grâce à deux énormes por­ti­ques sup­por­tant l’édifice, l’archi­tecte et scé­no­gra­phe a libéré les tableaux des murs. Par un sys­tème d’accro­chage en béton et en verre pour la partie supé­rieure, ils sont mis à nus et sem­blent flot­ter dans l’espace. Le dos des toiles est exposé, il devient un sujet, un objet en soi. Il raconte quel­que chose de l’his­toire de l’œuvre.

Cette dimen­sion sen­ti­men­tale, qui n’est pas évidente quand on appré­hende le tra­vail de Jagna Ciuchta, est pour­tant essen­tielle. Elle tente de révé­ler autre chose que ce que les pièces pré­sen­tent habi­tuel­le­ment. Une forme de vul­né­ra­bi­lité qui raconte­rait une his­toire dif­fé­rente de ce qui les a tra­ver­sées, de celles et ceux aussi qui les ont conçues. Une his­toire des ori­gi­nes, des désirs et des doutes, une his­toire de la créa­tion.

Solenn Morel

Centre d’art contemporain Les Capucins, Espace Delaroche, 05200 Embrun. Tél. : 04.92.44.30.87.

Ouvert du mer­credi au diman­che de 16h à 19h

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