Ingrid Hornef « Alea Iacta Est » & « Tu danses ? » – Sigean

Ingrid Hornef "Alea Iacta Est" - Sigean

Ingrid Hornef « Alea Iacta Est » & « Tu danses ? »

Du  9 avril au 29 mai 2022

Ingrid Hornef « Alea Iacta Est » ( Les dés sont jetés)

Née en 1940, FRIEDBERG/ HESSEN, vit et travaille en Allemagne

Une citation célèbre de Marcel Duchamp, artiste  du XXe siècle et aujourd’hui considéré comme un des grands apologistes du hasard, est la suivante : « Mon hasard n’est pas votre hasard » Ce qui peut d’abord apparaître comme une banalité s’avère être une observation importante et lourde de sens. De fait, les hasards vécus par chacun d’entre nous possèdent un caractère fondamentalement individuel et appartiennent – tels quels et pas autrement  – à l’individu concerné.

Depuis que le hasard a été « découvert » en tant que procédé artistique – une légende affirme que Jean Arp, après avoir négligemment jeté par terre un dessin qu’il jugeait raté, s’aperçut soudain que l’arrangement des bout de papier présentait exactement la fraicheur et la vitalité qu’il avait tenté en vain d’atteindre -, le « principe du hasard » est devenu un procédé d’innovation majeur dans l’art du XXe siècle. Si l’on sait que Léonard de Vinci recommandait à ses élèves de chercher leur inspiration dans les crépis effrités et les fromes nuageuses, si au cours des siècles suivant , certains artistes ont intégré dans leur oeuvre – voire provoqué – des hasards survenus en cours de création, l’utilisation systématique de procédés relevant du hasard ne remonte qu’u début du XXe siècle – vers 1915 avec Duchamp et les dadaïstes zurichois, dont Arp faisait également partie.

Quels sont les implications de ce nouveau procédé pour la création artistique ? L’introduction du hasard dans l’art peut-être comparée à une porte s’ouvrant sur la liberté. Le vocabulaire formel dont dispose l’artiste devient désormais inépuisable en n’englobant pas seulement la nature, mais toutes les autres manifestations de la vie.

Ingrid Hornef, dont l’œuvre s’inscrit dans le spectre de l’art construit-concret, décide de faire intervenir un élément supplémentaire, involontaire, en quelque sorte imprévisible, au profit de son oeuvre.

Depuis 2002 environ, le hasard est devenu un facteur déte

rminant de sa démarche artistique. Depuis, son attention se concentre sur les dispositifs dans lesquels les choix qui déterminent la composition ne sont plus faits par elle, mais par le hasard. Cela veut dire qu’au sein de cadre préalablement fixé d’un agencement  géométrique déterminé, elle confère le rôle d’impulseur au hasard. Comme générateur de hasard, elle utilise aujourd’hui encore des dés.

Son matériau n’est pas la toile, mais le bois ou le panneau MDF (médium). Dans un premier temps, elle s’appuie encore sur la forme du cube.

Ce qui se manifeste très clairement dans cette œuvre: un ordre d’un effet rigoureusement systématique d’horizontales et de verticales – plus tard viendront s’y ajouter des diagonales et des vides – détermine l’impression générale de l’œuvre orchestrée par un contraste binaire de noir et de blanc. La précision de l’exécution et de la clarté de la composition suggère un concept calculé que le spectateur tente toutefois en vain de décrypter. Car cet ordre si systématique et apparemment fonctionnel, est le fruit du hasard.

A partir de cette combinaison de règle et de hasard, Hornef développe un programme esthétique. Le hasard intervient dès lors qu’il s’agit de faire basculer l’attendu, au nom de cet acte « désintéressé » qui, libre au sens hégélien, produit le plaisir esthétique.

Pourquoi Hornef délègue-t-elle le facteur proprement créatif, la composition, au jet de dés – même si elle le fait dans un cadre clairement  circonscrit ? L’artiste se réfère elle même à la citation de Jean Arp, qui voyait dans le hasard un « cadeau des Muses », et d’autre part à l’expression « alea iacta est », que Jules César aurait prononcé en franchissant le Rubicon en 49 av J-C, déclenchant ainsi une guerre. Le cadre référentiel ainsi défini par l’artiste revêt deux aspects : d’une part le facteur fatidique, inéluctable, propre au hasard, d’autre part la chance inopinée ainsi reçue en partage. Il éclaire le fait que le hasard recèle des deux aspects et met en évidence la dualité de notre être.

La recherche d’Ingrid Hornef, empreinte de notions scientifiques, philosophique et sociologique nous incite à dépasser une pensée née uniquement de la raison.

Il est possible de s’arrêter sur l’esthétique remarquable de ses tableaux sans voir le concept de système combinatoire et aléatoire mis en jeu, si l’artiste n’avait pas fourni elle-même la clef de ses règles. Car le champ de ses recherches intègre et modélise une forme de probabilité du hasard.

Ingrid Hornef se propose de créer une sorte de parcours  en noir et blanc sur un des murs de la première salle du LAC et une grande installation a son opposé.

« Tu danses ? »

Ouvrir le bal

Au L.A.C à Sigean, en complicité avec Layla Moget, Valérie du Chéné, Élise Fahey, Enna Chaton et Cassandre Cecchella nous présentons des oeuvres qui font état d’une conversation guidée par des visites d’ateliers et des conversations en discontinuent. Nous souhaitons éclairer ces temps de proximité.

Ainsi, auprès de ces oeuvres infiniment délicates, de ces multiplicités picturales à la trajectoire autonome, nous prêtons attention à la peinture, pratique familière connue entre toutes.

Ici même, nous cherchons à essaimer un murmure proche de celui de l’esprit des lieux auquel « les choses*» ne résistent plus. Les oeuvres présentées en une chorégraphie singulière, insistent sur ces endroits précieux qui unissent la pensée et le corps, elles invitent. Cette exposition est une célébration d’un quotidien qui, par jeu de miroir, propulse la couleur, le geste, convie la fiction et la multiplicité des regards au coeur d’un espace vaste, lumineux comme une scène ou, peut-être plus simplement un parquet, celui que nous baptiserions le temps d’un pas de deux, trois, quatre …le Modern dancing.

Alors Tu danses ?

Le LAC, 1 rue de la Berre – Hameau du lac 11130 Sigean  Tél : 04 68 48 83 62

Ouvert du Jeudi au Dimanche de 14h – 18h

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