Glenn Ligon « Post-noir » – Nîmes

Glenn Ligon « Post-noir »
Du 24 juin au 20 novembre 2022 – Vernissage Jeudi 23 juin à partir de 18h30
Glenn Ligon est né en 1960 à New York. A l’origine, sa pratique artistique était centrée sur la peinture, en s’appuyant sur l’héritage d’artistes tels que Philip Guston, Cy Twombly, Robert Rauschenberg ou Jasper Johns ainsi que l’art conceptuel plus récent.
Ligon a très tôt cité du texte dans ses oeuvres, en utilisant les mots au pochoir qui deviendront la marque de son œuvre. Il utilise un langage peint pour mettre en évidence les systèmes de valeurs sociales et politiques qui donnent un sens à ces textes et la manière dont ils sont modifiés ou soulignés par l’œuvre.
A Nîmes sera présenté un nouveau diptyque monumental de la série Stranger. Il inclut le texte intégral de l’essai fondateur de James Baldwin de 1953, «Stranger in the Village», dans lequel Baldwin raconte son séjour dans un petit village suisse, où la plupart des habitants n’avaient jamais rencontré d’homme noir auparavant. Ligon utilise le récit de Baldwin, qui établit des liens entre les contextes culturels des États-Unis et de l’Europe, pour réfléchir à «l’anti-blackness» et aux séquelles du colonialisme.
Une salle de l’exposition à Nîmes rassemblera une sélection de néons America. Commencés en 2008, ces néons transforment le mot «America» en le recouvrant de peinture noire, en le retournant, en l’inversant ou en l’animant, le traitant comme un matériau linguistique à manipuler et à modifier.
Seront également exposées des peintures inspirées d’ateliers avec de jeunes enfants dans le cadre d’une résidence au Walker Art Center de Minneapolis en 1999-2000. Ligon a choisi des illustrations afrocentriques des années 1960 et 1970 que les enfants devaient colorier, puis a reproduit les résultats sur de grandes toiles pour créer une série de peintures intitulée Coloring. Remarquables pour leur couleur et leur figuration joyeuses, les œuvres de Coloring explorent la distance entre la créativité débridée de l’enfance et les notions conventionnelles du portrait, notamment en ce qui concerne des icônes telles que Malcolm X.
Dans ses peintures à l’huile et sérigraphies de grand format Debris Field, l’artiste concentre son attention sur des formes de lettres isolées et des marques non linguistiques plutôt que sur des mots lisibles. Ces formes flottent à la surface de la toile, générant une série de compositions rythmiques improvisées et créant finalement un système ouvert qui permet à l’artiste d’explorer, selon ses propres termes, «la possibilité du sens, les éléments du sens». Les couleurs sont partiellement inspirées des peintures «Death and Disaster» d’Andy Warhol des années 1960 ainsi que de la couverture du livre «The Fall of America» d’Elijah Muhammad, ancien leader de la Nation of Islam, paru en 1973.
Post-Noir à Carré d’Art est la première exposition personnelle de Ligon dans une institution française.
L’exposition :
Le titre de l’exposition, Post-Noir, fait référence à Post-Black, terminologie introduite par Glenn Ligon et Thelma Golden, directrice du Studio Museum de Harlem, New York, au début des années 2000. Dans son essai du catalogue « Freestyle » au Studio Museum, une exposition collective de 2001 qui comprenait des oeuvres de Mark Bradford, Rashid Johnson et Julie Mehretu, entre autres, Golden a écrit que ces artistes étaient « inflexibles sur le fait de ne pas être étiquetés comme des artistes ‘noirs’, bien que leur travail soit imprégné, en fait profondément intéressé, par la redéfinition des notions complexes de la négritude ». Post-Noir est une traduction littérale du terme précédent, mais avec sa référence en français à des termes comme « film noir », Ligon suggère que tout terme qui en est venu à définir un moment historique, un groupe d’artistes ou une race de personnes est toujours sujet à révision, en particulier lorsqu’il est présenté dans un contexte culturel différent de celui d’origine.
Glenn Ligon fait souvent référence à la culture et à l’histoire américaines dans son travail. Par exemple, « Hands » fait partie d’une série d’oeuvres explorant des images de la Million Man March (Washington, D.C., octobre 1995), une manifestation qui visait à sensibiliser le pays à la situation socio-économique des Afro-Américains. À partir d’une petite image dans un magazine, Ligon a créé une peinture sérigraphique à grande échelle. L’agrandissement de l’image originale et la suppression des légendes ont rendu les informations qu’elle contenait indistinctes, la précision d’une action politique à un moment historique particulier disparaissant inexorablement lorsque le contexte de l’image n’est plus intelligible.
Les questions d’effacement et de perte de clarté se retrouvent également dans les peintures de la série « Debris Field », où le texte est à la limite de la lisibilité. Dans ces peintures à l’huile et sérigraphies à grande échelle, l’artiste concentre son attention sur des formes de lettres isolées et des marques non linguistiques plutôt que sur des mots lisibles. Ces formes flottent à la surface de la toile, générant une série de compositions rythmiques improvisées et créant finalement un système ouvert qui permet à l’artiste d’explorer, selon ses propres termes, « la possibilité du sens, les éléments du sens ». Les couleurs de fond de certaines oeuvres sont partiellement inspirées des peintures « Death and Disaster » d’Andy Warhol des années 1960 ainsi que de la couverture du livre « The Fall of America » d’Elijah Muhammad, l’ancien leader de la Nation of Islam, paru en 1973.
La première salle de l’exposition est constituée d’un ensemble d’oeuvres en néon que l’artiste a commencé à réaliser en 2008. Dans ces néons, il joue avec le mot « Amérique » en le recouvrant de peinture noire, en le retournant ou en l’inversant, le traitant comme un matériau linguistique à manipuler et à modifier. Une autre oeuvre de l’exposition, « Warm Broad Glow II », est une enseigne au néon sur laquelle figure la phrase « Negro Sunshine », empruntée au roman de Gertrude Stein, « Three Lives », paru en 1909. En isolant et en recontextualisant le terme, Ligon réinterprète les descriptions souvent stéréotypées et dégradantes de la négritude dans le roman de Stein pour trouver de nouvelles utilisations du langage.
En 1996, Ligon a réalisé ses premières peintures de la série « Stranger », qui utilise des fragments de texte tirés de l’essai fondamental de James Baldwin, « Stranger in the Village », publié en 1953. Ligon a déclaré, à propos de sa relation avec Baldwin, qu’il s’identifie « intensément à son homosexualité, à sa négritude, mais aussi à son engagement dans ce que signifie vivre en Amérique » (T : The New York Times Style Magazine, 21 octobre 2021). Cette exposition présente un nouveau diptyque monumental de la série « Stranger » reprenant l’intégralité du texte de l’essai, dans lequel Baldwin raconte son séjour dans un petit village suisse, où la plupart des habitants n’avaient jamais rencontré d’homme noir. Ligon utilise ce récit de Baldwin, qui établit des liens entre les contextes culturels des États-Unis et de l’Europe, comme un moyen de réfléchir à ce que signifie être un « autre » et aux questions d’hégémonie et de pouvoir culturels.
L’oeuvre de Glenn Ligon met en avant l’idée du citoyen du monde en remettant en question les identités figées, qu’elles soient culturelles, raciales, nationales, religieuses ou sexuelles. Faisant écho à la pensée de Stuart Hall, Okwui Enwezor ou Achille Mbembé, il reconnaît que la discrimination n’est plus exclusivement raciale mais que la « color line » se manifeste à travers différentes formes de domination.
Galerie Norman Foster, Carré d’art de Nîmes, Place de la Maison Carrée. 30000 Nîmes. Téléphone : 04 66 76 35 70.
Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h. Samedi et dimanche de 10h à 18h30