Expositions Jimmy Robert & Antoine Renard – Sète

"Appui, tendu, renversé" Jimmy Robert

« Appui, tendu, renversé » Jimmy Robert – « Pharmakon » Antoine Renard

Du 9 octobre 2021 au 6 février 2022 – Vernissage vendredi 8 octobre à 18h30

« Appui, tendu, renversé » Jimmy Robert

Au rez-de-chaussée du Crac Occitanie, l’exposition de Jimmy Robert offre en sept salles un vaste aperçu du parcours de l’artiste depuis 2001 et rassemble un large corpus de photographies, vidéos, sculptures, textes et œuvres sur papier, souvent présentées sous forme d’installations entremêlant ces différents médiums. L’exposition fait dialoguer de manière inédite et non linéaire des oeuvres parfois éloignées dans le temps et permet aux visiteurs une lecture augmentée et réactualisée de la pratique de l’artiste.

Depuis le début des années 2000, Jimmy Robert place l’identité et la représentation du corps noir au centre de sa démarche, plus largement des questions ayant trait au désir, au regard, à la vulnérabilité des corps, parfois à leur absence. C’est souvent le corps et la voix de l’artiste lui-même qui sont mis en scène, dans des installations qui mêlent écriture, poésie, danse et images.

Portant un intérêt particulier au papier, qu’il utilise autant comme une surface d’impression et de projection que comme matière sculptée, Jimmy Robert découpe, fragmente, froisse, décadre ses images et les présente souvent au ras du sol : c’est le cas d’une de ses plus récentes séries intitulée Plié (2020). Le corps s’expose dans sa fragilité, en train de ployer, de ramper ou de chuter.

L’installation photographique Sans titre (Ompdrailles) (2013) présente une image courbée de part et d’autre d’un tube sur lequel elle repose. D’un côté apparait la sculpture en bronze sur piédestal de deux lutteurs, dont on ne sait si le premier précipite ou retient la chute du second ; l’autre pendant de l’image dévoile le corps effondré de Jimmy Robert : celui-ci prolonge la sculpture et en propose un nouveau récit, moins conquérant et sans doute plus oblique.
Ce renversement des corps se retrouve dans le titre de l’exposition, qui renvoie à une posture de gymnastique, en équilibre sur les mains. S’il est question de corps, il est aussi question de danse et de mouvement dans le travail de Jimmy Robert. Il collabore régulièrement avec des danseurs et danseuses issu.e.s du ballet classique ou de la danse contemporaine tout en assumant sa propre absence de savoir-faire. Bien plus que la technique, il s’intéresse à la manière dont un corps performe dans un espace et interagit avec les autres. Dans l’installation vidéo intitulée Vanishing Point, il filme une drag queen rencontrée dans un cabaret à Rio de Janeiro (Brésil) et la met en scène devant la tour Capanema réalisée par l’architecte Lucio Costa, caractéristique des architectures modernistes de la mégapole. Le corps et la chevelure de la danseuse font résonner différemment l’espace autour d’elle et l’affolent littéralement.

Dans ses entretiens, Jimmy Robert fait souvent référence aux clubs, des espaces dans lesquels chacun performe, drague, danse avec plus ou moins de maîtrise, regarde et est regardé, s’invente un genre et se positionne sans cesse par rapport aux autres, à la musique, à la lumière. C’est aussi ce type d’espace et de jeu entre les corps qui informe sa pratique d’artiste, tout autant que des références plus savantes à l’art minimal et conceptuel dont il s’inspire particulièrement.

« Pharmakon » Antoine Renard

Cette recherche en Italie a été précédée de plusieurs séjours en Amazonie péruvienne entre 2018 et 2020, au cours desquels Antoine Renard a étudié différents rituels de guérison, pratiqués sur de jeunes adolescents et adultes affectés par des addictions sévères. Dans ce cadre, Antoine Renard découvre l’importance des parfums dans ces thérapies, notamment avec les Perfumeros, guérisseurs qui développent des pratiques de soins olfactives.

Depuis plus d’une dizaine d’années, Antoine Renard développe un travail de sculpture, d’installation ou de vidéo, dans lequel il convie ce qui est dans l’ombre, tapi dans les recoins du subconscient, où il désosse et met à plat les mécanismes de peur et d’angoisse qui irriguent parfois notre rapport au réel jusqu’à la transgression. S’il convie des technologies de pointe et des imageries numériques high tech, c’est souvent pour les frelater, les tordre dans leur usage, pousser à bout le potentiel d’erreur et les déviances de la machine.

Pour l’exposition au Crac Occitanie, Antoine Renard développe un ensemble d’œuvres conçues à partir de prélèvements de matières premières et d’observations empiriques, effectués lors de ses recherches. Traitées selon des procédés techno-chimiques, ces matières sont interprétées et reformulées sous forme de vidéos, de sons, de sculptures et d’odeurs.
Créant un environnement poreux où des éléments chimiques, numériques et psychiques se confondent, l’artiste ouvre des pistes de dialogue entre des courants de pensées qui lui sont chers, tels que le végétalisme, la théologie mystique, le structuralisme et la logique scientifique.

Dans la première salle, un dispositif d’écrans LED diffuse des séquences vidéo de fleurs et de plantes médicinales filmées en très gros plan, plongeant le spectateur dans un flot de formes, de couleurs et de lumières. L’hyper précision numérique, oscillant entre netteté, jeu de flous et d’altérations dans le code source du film, produit une image à la limite de l’abstraction.

Dans la même salle, une bande sonore hypnotique diffuse une composition de vocalises effectuées dans l’église de la Trinité-des-Monts à Rome, altérée par la transcription numérique de l’odeur de myrrhe. L’encens vient diffuser ses propriétés curatives sous forme sonore, infiltre et modifie la structure de l’enregistrement initial et imprègne le visiteur d’une atmosphère à la fois lyrique et concrète, aux contours quasi religieux.

CRAC à Sète Languedoc-Roussillon 26, Quai Aspirant Herber 34200 SÈTE . Tél : 04 67 74 94 37.

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