Expositions « Je(u) augmenté » & « Images d’un monde numérisé » – CAC Meymac

Expositions "Je(u) augmenté" & "Images d’un monde numérisé" - Meymac

« Je(u) augmenté » & « Images d’un monde numérisé »

Du 20 mars au 19 juin 2022 – Vernissage samedi 19 mars à 18h

D’une part Je(u) augmenté, une exposition conçue par Wei-yang Lee, commissaire indépendant, réunissant sept artistes vidéastes et numériques dont les travaux s’inspirent de l’univers du jeu vidéo considéré comme un nouveau médium dont ils empruntent les codes formels et les techniques narratives.

En contre point de cette exposition, le Centre d’art avec son commissaire Jean-Paul Blanchet, réunit dans Images d’un monde numérisé quatre artistes dont les travaux de factures plus classiques se réfèrent plus ou moins directement aux pratiques et aux conséquences sociales qu’induit cet univers imprégné par l’électronique.

« Je(u) augmenté »

Le projet réunit sept artistes qui puisent leur inspiration dans l’univers du jeu vidéo. Ils en explorent les potentialités, détournent l’outil de leurs usages premiers, en alternent les propriétés inhérentes et s’approprient diverses ressources informatiques et technologiques pour mettre en oeuvre leur propos. Leur démarche, entre évasion et invasion, interaction et combat, identité et aliénation, prend un sens politique en développant un discours critique et une réflexion sur les outils de représentation du monde.

Jeu vidéo comme objet de critique

Le jeu vidéo se sert des technologies numériques et de simulations développées par l’industrie militaire, pour créer des scénarisations et des espaces d’inter-connectivités. Entre cinéma et réseaux sociaux les jeux vidéo sont devenus un média majeur. Cette collusion d’intérêts entre industrie du divertissement et industrie militaire indique une alliance économique et politique au service de la production d’images mondialisées. Elle montre la force d’une idéologie au service d’une représentation du monde qui influence largement les débats et les opinions publiques. Ces constats et ces enjeux sont au coeur de la réflexion des artistes présentés dans cette exposition.
Les artistes réunis s’approprient la simulation technologique comme reformulation du réel et le jeu comme processus de désaliénation. L’usage de la vidéo leur permet de rebattre les hiérarchies et les procédés techniques du langage cinématographique, redonnant aux sujets traités une narrativité visuelle plus étendue. L’interactivité du jeu devient un moyen pour déjouer l’habitude du regard et les présupposés des rôles, des destins et des hasards.

Des mondes parallèles, la neutralité en question

Désormais considéré comme une pratique culturelle parmi d’autres issues de l’industrie du divertissement, le jeu vidéo est le « miroir cassé » du monde réel. Dans ce monde parallèle, seules les stratégies de combats et de récompenses donnent une réalité à l’existence du joueur. Cette apparente neutralité lui interdit toute inscription dans des réalités politiques sociales ou affectives. Les artistes dénoncent cette neutralisation et la négation de l’individu produite par l’industrie du jeu vidéo en créant de l’humanité, de la corporalité et de la temporalité dans un monde normé et vectorisé, ce qui nous touche et nous émeut.

Corps et pouvoir
Si aujourd’hui le préfixe bio est omniprésent, il s’agit de trouver une nouvelle alliance, de nouvelles relations et connexions entre la nature et la vie. Dans le débat politique, en matière de gestion des populations comme le biopouvoir de Michel Foucault, la question du bio est l’exercice du pouvoir étatique sur le corps, des individus et des organismes sociaux et politiques. Le jeu vidéo en est l’expression la plus ultime. En réaction, ces artistes transforment différentes expériences vécues, sous forme d’avatars ou de simples éléments virtuels, par la création visuelle, sonore ou textuelle pour redonner une place, une voix à des formes d’expressions ostracisées, ignorées, comme invisibilisées par nos sociétés technocratiques.
Ils créent une poésie de l’électrique transformant le corps social en corps virtuel à la fois interconnecté, multiple et autonome, un espace mental de jeu augmenté.

Commissariat : Wei-Yang Lee

Avec : Larry Achiampong & David Blandy (EN), Jacolby Satterwhite (USA), Alan Butler (IR), Eva L’Hoest (BE), One Life Remains (FR), Danielle Brathwaite-Shirley (EN), Sara Sadik (FR)

« Images d’un monde numérisé »

En contrepoint, quatre démarches artistiques surlignent les distorsions entre réel et représentation qu’induisent les nouvelles technologies de l’image et de leur diffusion, directement ou par contamination des perceptions et des pratiques.

Nicolas Darrot
Nicolas Darrot créé des mécaniques insolites qui s’articulent pour faire naître de nouvelles créatures électroniques, entre science et robotique. Il offre ainsi avec ses robots anthropomorphes ou zoomorphes, à la manière d’un fabuliste, une vision poétique encore que d’une inquiétante étrangeté de ce monde saturé d’électronique, qui pourrait pour un peu, flirter avec les étoiles.

Alain Josseau
Ses oeuvres peintes ou ses maquettes/installations dévoilent comment s’opère la manipulation de l’information à partir d’images apparemment objectives, plus particulièrement celles produites par la virtualisation croissante du fonctionnement des armées et la conduite des actes de guerre. Alain Josseau nous incite ainsi à adopter une distance critique et active des images issues des médiums actuels.

Florent Lamouroux
En réaction à une certaine absurdité de notre monde, Florent Lamouroux pousse le bouchon de la parodie grotesque. Que ce soit par la performance, l’installation ou la photographie, il se joue des codes et des attentes pour interroger en profondeur, mais sur un mode apparemment léger, la question de l’altérité, de la rébellion et tant d’autres problématiques essentielles. Ainsi, ses hommes bleus, sortes de clones ou de zombis échelle1, sont les figures inquiétantes et absurdes, personnes disponibles et manipulables, d’un monde menacé d’uniformité.

Lucien Murat
Lucien Murat subvertit la technique traditionnelle de la tapisserie, empreinte d’une tradition médiévale puis domestique, par un imaginaire dont les références tutoient l’ultra violence des jeux vidéo, de la bande dessinée, des mangas japonais… Il assemble des canevas pour composer une toile de fond sur laquelle il peint des figures d’un tout autre registre, qui ne sont pas sans évoquer les guerriers suréquipés et les combats gratuits et absurdes des jeux vidéo. De là naissent des scènes improbables et un réjouissant chaos.

Commissariat : Jean-Paul Blanchet

Abbaye St André  Centre d’art contemporain  Place du Bûcher  19250 Meymac  Tél. : 05 55 95 23 30  

du mardi au dimanche de 14h à 18h

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