Expositions Alexandra Bircken & Bianca Bondi – Sète

Bianca Bondi Objects as actants

Alexandra Bircken  A–Z & Bianca Bondi Objects as actants

Du 12 mars au 22 mai 2022 – Vernissage vendredi 11 mars à partir de 18h30

Alexandra Bircken  A–Z

Le corps et ses différentes enveloppes sont au coeur de la pratique sculpturale et textile d’Alexandra Bircken. Parallèlement à ses oeuvres textiles où les gestes de couture, de déchirure, de tricotage, de nouage et d’assemblage prédominent,

Alexandra Bircken produit des sculptures à partir d’objets tels que des motos ou des pièces de mécanique : celles-ci sont sectionnées, coupées et recomposées pour mieux mettre à nu des objets souvent associés à la masculinité toute puissante. L’artiste questionne également le rapport des corps aux machines, le pouvoir qu’elles donnent à l’humain tout autant que la vulnérabilité dans
laquelle elles le placent.

Artiste majeure de la scène artistique allemande, Alexandra Bircken (née à Cologne en 1967) développe un travail de sculpture protéiforme qui intègre une gamme inhabituelle de matériaux : on y trouve des chevaux à bascule, des motos sciées en deux, mais aussi des matériaux organiques, tels que le bois le cuir, des ossements et même un placenta, ou encore des textiles mis en forme soit manuellement soit par des procédés mécaniques. Tout ce qui nous entoure est susceptible de devenir un matériau sculptural.

Conçue en étroite collaboration avec le Museum Brandhorst à Munich et sa commissaire Monika Bayer-Wermuth, l’exposition A–Z se présente comme un répertoire rassemblant plus d’une soixantaine d’œuvres, selon des affinités formelles et thématiques. Depuis plus de 20 ans, certains gestes et motifs réapparaissent régulièrement dans le travail d’Alexandra Bircken et l’exposition permet de déployer des fils qui se déroulent depuis le début des années 2000.

Son approche se caractérise par un examen du corps humain, de ses besoins, de ses désirs et de sa relation à son environnement. Des questions très actuelles traversent le travail d’Alexandra Bircken, telles que le besoin de protection des individus, l’identité de genre dans son ambivalence, et les relations qu’entretiennent les êtres humains avec les machines.

Alexandra Bircken a acquis une reconnaissance internationale dans le champ de la sculpture, mais elle arrive aux arts visuels par une voie détournée. Lorsqu’elle se fait connaitre en tant qu’artiste en 2003, elle a déjà à son actif une carrière dans la mode. Au début des années 90, elle intègre le très convoité cours de mode au Central Saint Martins College à Londres. Par la suite, elle établit son propre label de mode et travaille comme designer à Paris. Au début des années 2000, elle commence à expérimenter plus librement avec le textile, ce qui l’amène à la création de ses premières sculptures. Elle vit à Cologne à cette époque et attire rapidement l’attention de la scène artistique. Très vite, des expositions personnelles lui sont dédiées et elle participe à des expositions de groupe majeures telles que Unmonumental au New Museum de New York en 2007, Skulpturales Handeln à la Haus der Kunst à Munich en 2011 ou encore Material Encounters au Hepworth Wakefield en 2019, pour en citer quelques-unes. En France, son travail a fait l’objet d’une première monographie au centre d’art le Crédac d’Ivry sur Seine en 2017 (commissaire Claire le Restif).


Depuis les années 2000, Alexandra Bircken joue un rôle significatif dans l’élaboration de thématiques centrales dans la sculpture. L’artiste actualise et élargit des concepts et des approches qui ont été explorés auparavant par l’Arte Povera et l’art textile. Elle y inclut une dimension technologique tout en gardant une approche analogique de ses sculptures.

Alexandra Bircken enseigne à l’académie des beaux-arts de Munich depuis 2018 où elle occupe une chaire d’enseignement de la sculpture.

Commissariat de l’exposition : Marie Cozette

Bianca Bondi Objects as actants

Entre féérie et apocalypse, les installations et sculptures de Bianca Bondi plongent le spectateur dans un univers étrange et familier, où s’entremêlent passé, présent et futur. Comme dans un rêve éveillé ou une dérive intérieure, ses œuvres suspendent les frontières entre monde astral et terrestre, espaces des vivants et des morts, visible et invisible.

Travaillant la plupart du temps en lien avec un site, son aura et son archéologie secrète, Bianca Bondi dessine des paysages sur mesure pour les espaces dans lesquels elle intervient. Jardins, fontaines, chambres, sont transfigurés par différents phénomènes chimiques, climatiques, olfactifs, sonores ou lumineux.

L’installation que Bianca Bondi produit spécifiquement pour le premier étage du Crac Occitanie est le fruit d’une résidence de trois semaines, en partenariat avec la cité scolaire Paul Valéry de Sète, qui l’accueille au mois de février pour un temps de création, en immersion dans la ville.

Depuis une dizaine d’années, elle utilise des matériaux éphémères et organiques comme la cire, les végétaux, la spiruline, les épices et surtout le sel qui est devenu son matériau de prédilection, à la fois pour sa forte charge symbolique et pour ses propriétés chimiques. Présent dans les religions et les pratiques spirituelles et païennes, il est associé à une fonction protectrice et écarte le mauvais oeil. Outre sa dimension sacrée, il est aussi une composante essentielle des fluides corporels. Paradoxalement, le sel corrode, oxyde, et modifie durablement les objets qu’il recouvre dans les installations de Bianca Bondi.

Ce qui peut apparaître comme une destruction progressive relève plutôt d’un potentiel de transformation et de régénération. L’artiste parle même de «transfert d’énergie» entre les éléments. Ainsi les installations de Bianca Bondi sont-elles en métamorphose permanente : on peut y voir des objets en cuivre qui se recouvrent de tâches bleutées, des squelettes d’animaux envahis de cristaux, de l’eau qui oscille lentement du violet au pourpre. De même ses vitrines, qu’elle décrit elle-même comme des «natures mortes vivantes», consistent en de savants amalgames d’objets trouvés et personnels, de reliques, de plantes, recouverts de cristaux, de tâches et d’oxydation. Encapsulés et comme suspendus dans un temps gelé, ces micro-paysages sont en fait en constante évolution.

Bianca Bondi maitrise l’alchimie des matières qu’elle utilise, elle apprend de plus en plus à les connaître mais pour une large part les objets organiques ou inorganiques qu’elle convoque ont leur vie propre, en dehors de tout contrôle humain.

Ainsi les «objets actants» dont il est question dans le titre de l’exposition, terme emprunté au philosophe Bruno Latour, rappellent que tout objet est acteur à part entière du monde, dans une écologie politique qui implique la coévolution de tous les êtres, humains et non-humains. De là l’imprévisibilité fondamentale qui est le moteur des installations de Bianca Bondi : les substances s’y parasitent, et ce faisant entrent en relation, se connectent, créent de nouvelles alliances, avec ou sans nous.

Marie Cozette

CRAC à Sète Languedoc-Roussillon 26, Quai Aspirant Herber 34200 SÈTE . Tél : 04 67 74 94 37.

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