Exposition « Rythmes » Sylvie Deparis – Étang de Thau Bouzigues

Exposition "Rythmes" Sylvie Deparis - Étang de Thau Bouzigues

“Rythmes” Formes du mouvant Sylvie Deparis

Du 17 septembre au 30 novembre 2021 –  Vernissage le vendredi 17 septembre à 18h30 au Jardin Antique Méditerranéen

Visites commentées de l’artiste le samedi 18 septembre à 10h30 au Musée Ethnographique de l’Etang de Thau 

à 16h au Jardin Antique Méditerranéen, organisées dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine

Deux expositions conjointes de Sylvie Deparis

Fluidité de la trame et de l’entrelacement : surfaces mouvantes des eaux de l’étang, de ses herbes marines ; trames continues ou discontinues des filets, jardin en mutations de lignes et entremêlements de lianes.

Le réel est fluent, en perpétuel renouvellement.

Faire corps avec ces variations changeantes par une pratique du regard, de l’attention, ou du dessin en marchant. Percevoir et transcrire la sensation de l’écoulement, suivre les lignes mouvantes qui animent le tissu continu des formes, tisser des passages dans une impermanente cartographie.

Se mettre ainsi en résonance avec les mouvements de flux qui mêlent le corps et l’énergie du lieu en un rythme intime.

Ce rythme, défini par Emile Benveniste comme « forme sans fixité », toujours oscille entre apparition et disparition.

Sylvie Deparis a investi l’espace du musée pour donner à voir un ensemble d’objets associés à des séries de peintures / dessins. Il  ne s’agit aucunement d’un échantillonnage d’artefacts qui relèverait d’une visée, d’une intention ethnographiques, ou d’une approche  taxinomique. L’exposition doit être perçue comme la mise en exergue de certains objets / matériaux sublimant les composantes d’un milieu (naturel et humain), en l’occurrence, ici, l’étang de Thau. Par-delà l’instrumentalité de certains d’entre eux (les filets de pêche), ces  objets révèlent autant qu’ils explicitent les principes mêmes de ce qu’est la fluidité, la rythmicité, les réseaux d’entrelacs, de lignes mouvantes, transitoires, partageant ce lien physique, substantiel, unificateur, avec l’élément liquide : l’eau, l’eau matrice, l’eau motrice,  l’eau mouvement, l’eau mouvance, dans la multiplicité de ses formes, de ses forces, des variations de ses états de ses densités, de ses  couleurs… Ils sous-tendent ainsi autant qu’ils exemplifient l’universalité de la notion du flux impliquant la translation continue d’un état à  un autre dans l’irréversibilité du temps.

Si l’artiste fait donc ici avant tout œuvre de suggestion et de pensée, c’est moins en intervenant sur les objets eux-mêmes pour en  modifier l’aspect ou la matière qui les constituent (comme s’il s’agissait par exemple de les sculpter, de les coudre ensemble, etc…, ou en  opérant des détournements dans leur forme, leur aspect), qu’en les présentifiant en les rassemblant, les agrégeant dans un même  espace d’exposition, où ils apparaissent en connivence, en résonnance, en correspondance, par quoi l’élégant déploiement de tel filet de  pêche, le foisonnement en amas de tel autre, leurs reflets irisés sous la lumière changeante, métaphorisent ce qui advient de son  extensibilité, son adaptabilité aux mouvements du vent, de l’eau, de la main ou du geste. Il y a aussi cette série colorée de fragments de  cordes, résultant de collectes attentives le long des rivages, emblématique de ce qu’est l’art des nœuds, des tissages, des tressages de  fibres, tandis que pelotes et amas racinaires d’anciens réseaux souterrains révèlent le fouillis de leurs trajets rhizomatiques, tout comme  les vermiculations marines inscrites sur la pierre expriment cette inextinguible dynamique proliférante, englobante du vivant (la phusis)  témoignant de la variabilité des formes fluentes.

En contrepoint de ces dispositifs d’objets, l’exposition offre aux regards des dessins disposés en séries, tous de format carré. Ils  figurent des formes filaires, itératives, de lignes ondulantes, flottantes, mouvantes, d’où émanent de subtiles translucidités, des  transparences diffuses, et où la lumière semble infuser de l’intérieur de la surface colorée comme si ces formes baignaient dans un  milieu liquide.

Nous sommes ainsi placés dans le mouvement-même d’une pensée de l’artiste où les dessins sont « le support d’une idée résidant  dans l’intervalle entre la vue et l’ouïe, le visible et la mémoire, l’œil et la main ». Ainsi, tels qu’ils s’insèrent au sein de l’exposition, ceux de  Sylvie Deparis donnent à voir les dimensions d’une rêverie de formes vibrantes, vibratiles, instaurant la répétition, la réplication d’un  même segment, selon une poétique de la rythmicité, dont l’énergie qui en émane, produit un effet pour le moins subjuguant. Ainsi,  comme l’écrit Jean-Luc Nancy, le dessin rend bien compte, en tant qu’acte créateur, de « la pulsion et la pulsation d’être au monde… Et  tous les sens, sentiments, sensitivités, sensualités sont les délinéations de cette pulsion et pulsation – reprises pour être plus finement et plus  intensément dessinées, portées à une puissance infinie… »

Joël-Claude Meffre

 

Sylvie Deparis est plasticienne et éditrice de livres d’artiste. Elle expose régulièrement en galeries, médiathèques ou centres d’art et voyage depuis plusieurs années en Asie (Chine, Corée, Japon), où elle participe à des résidences d’artistes.

Musée Ethnographique de l’Etang de Thau , Quai du Port de Pêche – 34140 Bouzigues

Jardin Antique Méditerranéen – 34540 Balaruc-les-Bains

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