Exposition « L’ADIEU » Yves CARO et Lilian BOURGEAT – Ventenac

L’ADIEU Yves CARO et Éblouissantes Lilian BOURGEAT
Du 16 Juillet 2021 au 19 Septembre 2021 – Vernissage vendredi 16 juillet à partir de 18 h
L’Adieu (der Abscheid), Yves Caro, 2001
Il s’agit d’un montage muet de séquences de comédies musicales américaines, des années 30 aux années 50. Sur ces séquences successives se déploie en continu la voix émouvante de Kathleen Ferrier qui chante « Der Abschied », la dernière partie du Chant de la terre, de Gustave Mahler.
Elle chante un poème chinois de Meng Haoran et Wang Wei (époque Tang ,8 ème siècle) traduit en allemand par Hans Bethge.
C’est un bouleversant poème où la description de la nature au crépuscule précède un rituel d’adieu entre deux amis qui ne se reverront plus :
O mon ami,
Dans ce monde le bonheur ne m’a point souri!
Où vais-je? Je vais errer dans les montagnes.
Je cherche le repos pour mon coeur solitaire.
Je chemine vers mon pays, vers ma demeure.
Je ne m’aventurerai jamais au loin.
Calme est mon coeur, il aspire à son heure!
La terre bien aimée en tout lieu refleurit au
printemps et verdoie de nouveau.
Partout et pour toujours
les horizons bleuissent!
Eternellement…éternellement…
Gustav Mahler a adapté et mis en musique les poèmes du Chant de la terre en 1907.
Sa musique, symphonique, d’une grande force lyrique et nostalgique, emporte l’auditeur jusqu’à l’au-delà final d’un « ewig » (« éternellement ») répété sept fois au son du célesta.
C’est donc enveloppés dans cette musique que les couples mythiques
Ginger Rogers / Fred Astaire ou Cyd Charisse / Gene Kelly dansent avec une suprême élégance.
Et on est séduit par l’adhérence surprenante des mouvements des danseurs, des décors et de la caméra au continuum musical. Mais cela ne dure pas, arrivent des séquences où des corps-toupies crèvent des écrans, filent parmi les membres amputés d’un orchestre fantôme, mettent le feu aux canons. La mort rôde, surréaliste, extravagante.
Les corps, détachés de la musique, deviennent d’étranges pantins au sourire forcé.
La contradiction laissera la place à l’étrange harmonie de la dernière scène,
quand le gigantesque décor kitch pivotera lentement sur lui-même jusqu’à l' »ewig » final.
Ainsi, deux flux puissants, le musical et le cinématographique, s’éloignent et se rapprochent.
L’un puise son inspiration dans la poésie du 8ème siècle, l’autre tresse les images du milieu du 20ème siècle. Tous deux creusent la beauté à la recherche d’une vérité de l’être.
Eblouissantes, Lilian Bourgeat, 2005
6 ampoules géantes (50 x 85 cm), verre, aluminium, tubes stroboscopiques.
Collection Frac Occitanie Montpellier.
Dans le vaste espace sombre, scandé d’arches de pierre, de l’ancien chai, les 6 grosses ampoules disséminées sur le sol émettent des éclairs stroboscopiques colorés et silencieux.
On avance, désorienté par ces stimuli visuels qui excèdent nos capacités de perception, partagés entre émerveillement et sentiment de vulnérabilité.
Lilian Bourgeat crée des répliques surdimensionnées d’objets du quotidien (le banc géant du jardin de l’Archevêché à Narbonne). Ici, non seulement les ampoules deviennent de gros fruits de verre moulé mais les flashs qu’elles émettent nous prennent au piège de leur démesure.
Images / Ventenac 5 route de Saint-Nazaire, 11120 Ventenac-en-Minervois (12 km de Narbonne)
Ouverture 15h-19h Tél : 06 17 34 37 30