Exposition Jacques Tison – Toulouse

Exposition Jacques Tison - Toulouse

Jacques Tison

Du 14 janvier au 26 mars 2022

Rencontre avec Jacques Tison

La fiction me suit comme une ombre, alors que tout ce que je voudrais c’est dormir

Jacques Tison peint des images, des grands formats, des silences, des paysages, des
architectures, du blanc, du vide. La fiction me suit comme une ombre, alors que tout ce que je voudrais c’est dormir : ce qui fait sens pour l’artiste, dans cette phrase extraite du Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, c’est le mot fiction.

Qu’est-ce que le peintre se raconte comme histoire, en peignant sa toile ?

Jacques Tison s’inspire du paysage qui l’environne, des images qu’il croise ici et là. « Les images viennent à nous » dit-il.

Voir tous les jours la même chose, faire le même trajet, être confronté aux mêmes espaces laisse une empreinte sur la rétine et se transforme en image. Dans sa répétition, le réel crée un récit. Il ne s’agit pas ici de rendre au mieux la réalité : bien au contraire, le traitement pictural est là pour fictionner le réel.

Les grands aplats blancs, les architectures vides aux ouvertures percées, les accords froids des couleurs évoquent une figure comme creusée dans la toile, un paysage révélé par le peintre qui est allé le chercher au fin fond de la peinture. Il n’a pas recouvert la toile de lignes et de couleurs, mais il a creusé la surface blanche, comme un sculpteur va chercher la forme cachée dans le bois ou le marbre.

À travers une quarantaine d’oeuvres récentes exposées à la Fondation espace écureuil, les spectateurs cheminent entre des volumes : peintures parfois posées sur des plots plutôt qu’accrochées aux murs, toiles blanches non peintes et grand aplat de mur blanc donnent une impression de continuité à l’ensemble. Le visiteur ne va pas de toile en toile, mais circule dans un espace cohérent et fluide où la fiction le suit comme une ombre.

 

Quelques idées simples me guident dans mon travail : peindre des images en espérant que la peinture s’y invente et à travers la représentation, viser l’abstraction, essayer d’éliminer le maximum d’effets, peindre dans le doute avec le sentiment familier du vide.
Le blanc matérialise l’espace de la toile, il est non peint, abstrait, bidimensionnel. Le sujet, avec ses conventions propres à la représentation, vient se superposer à la surface monochrome, recouvrir quelque chose, un jeu s’instaure, entre les vides, les pleins, le peint et le pas peint entretenant l’inaccompli.

Jacques Tison

 

Jacques Tison peint des images, des grands formats, des grands silences, des paysages, des architectures, du blanc, du vide.

Des paysages qui n’en seraient pas ou juste des prétextes pour atteindre la peinture, l’idée même de la peinture dans ce qu’elle incarne de doute du peintre. Mais la peinture demeure, révélée par l’image et ne peut échapper à l’évocation d’un état de solitude et d’interrogation devant ces paysages énigmatiques, déjà vus mais inconnus, portant de somptueux fragments de peinture à déceler dans ces faux-semblants d’absence.

Et là où le peintre aspire à la disparition et à l’inaccompli, des lignes traversantes, une ombre, un feuillage, un caisson enseveli, des neiges bleutées, un ciel blanchi, un champ en détrempe s’insinuent dans l’espace et la dématérialité de la peinture, comme des résistances précieuses, inévitables, presque involontaires…

Brigit Bosch, 2017

* Le Livre de l’intranquillité, Fernando Pessoa, 1982

Fondation Écureuil 3 place du Capitole, Toulouse, Tél :  05 62 30 23 30 

Du mardi au samedi de 11h00 à 18h00 et le premier dimanche du mois de 15h00 à 18h00.

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