Exposition « Inventer la Couleur » Agen

Inventer la Couleur Hommage à Louis Ducos du Hauron
Du 3 juillet au 3 octobre 2021
Présentée pour la commémoration du centenaire de la mort de Louis Ducos du Hauron (1837-1920), inventeur de la photographie en couleur, l’exposition réunit plus de cent oeuvres de dix-neuf photographes auteurs et artistes, autour des pionniers William Eggleston, Ernst Haas, Saul Leiter, qui, en faisant entrer la photographie en couleur au musée dans les années 1960-1970, lui ont permis d’accéder au statut d’oeuvre d’art réservé jusqu’alors à la photographie en noir et blanc.
En Europe, où le monopole artistique du noir et blanc était encore plus marqué, l’Italien Luigi Ghirri dans les années 1970 et le Français John Batho dès 1963 s’engagent dans la photographie en couleur.
Le titre de l’exposition, Inventer la couleur, s’inspire de l’expression de John Szarkowski, directeur du Musée d’art moderne de New York, qui qualifia William Eggleston d’« inventeur de la photographie en couleur moderne » lorsqu’il l’invita à exposer en 1976. C’est donc sur le critère de la modernité que Szarkowski légitime l’accès au statut artistique de la photographie en couleur.
L’expression photographie moderne renvoie en effet au mouvement d’émancipation de la photographie qui naît dans les années 1960/70 pour s’épanouir dans les décennies suivantes et s’intégrer à l’art contemporain pour y prendre une place centrale jusqu’aux années 2000.
L’autre axe majeur de l’exposition est l’expérimentation, qui concerne la plupart des artistes exposés, à l’instar de Jan Groover, figure centrale de la scène artistique new-yorkaise des années 80, qui a passé en Aquitaine les vingt dernières annéesde sa vie, et des artistes confirmés comme Sammy Baloji, Alix Delmas, Philippe Durand, James Welling.
Né.e.s avec le numérique, Constance Nouvel, Laure Tiberghien, Vincent Ballard et Julien Richaudaud rendent à la photographie la matérialité dont la numérisation l’a privée. Leurs oeuvres traitent du processus photographique dans toutes ses dimensions (physique, optique, chimique), mais aussi, chez Constance Nouvel, d’une analyse de ce que peut encore la photographie à l’ère des réseaux sociaux.
La référence au procédé trichrome, base de l’invention de Louis Ducos du Hauron, est fréquente dans les recherches de ces artistes. Elle est explicite dans les oeuvres produites pour l’exposition par Julien Richaudaud, Constance Nouvel et Alix Delmas, dont l’oeuvre-lumière Cibles #3, conçue pour les Jacobins, met en jeu sur les vitraux et les voûtes de l’église une chorégraphie de halos lumineux rouge, vert et bleu.
Dans certaines de leurs oeuvres, John Batho, Alix Delmas et Sammy Baloji ont utilisé la couleur pour mettre sous la lumière des sujets de société occultés ou minimisés : dégâts du tourisme de masse, sans-abri, disparition en mer des migrants, perpétuation du système colonial. Sous le pseudonyme Mazdak, un artiste fait de même en s’appropriant pour les diffuser des portraits colorisés des Talibans, censeurs de la photographie.
Plutôt que d’utiliser les films du commerce aux couleurs standardisées, d’autres artistes créent leurs propres couleurs :
Pierre et Gilles, en colorisant eux aussi par la peinture des épreuves noir et blanc, mais dans une démarche artistique,
Denis Brihat par des traitements chimiques tels que les virages métalliques et Paolo Roversi, en éclairant ses modèles avec des sources lumineuses colorées.
Bernard Plossu représentera dans l’exposition les photographes de renom dont l’oeuvre en couleur est longtemps restée ignorée, en raison du préjugé vivace, encore rappelé en 2001 par William Eggleston : « Le noir et blanc serait l’art, la couleur serait commerciale ».
Depuis le dépôt du brevet de Louis Ducos du Hauron en 1868, la photographie des couleurs a fait l’objet de nombreuses inventions successives, telles que l’Autochrome des Frères Lumière en 1905, qui en a popularisé la pratique, le Kodachrome et l’Agfacolor dans les années 30, qui l’ont mise à la portée de tous et l’ont rendue exploitable pour la publicité, la mode et le reportage, la photographie instantanée un peu plus tard, puis la révolution numérique, pour ne citer que les plus importantes, elles-mêmes accompagnées de perfectionnements incessants.
Chaque invention ouvre aux artistes de nouveaux champs d’expérience, dont l’exploration les conduit vers de nouvelles formes artistiques, comme en témoigne la présente exposition.
L’exposition présentera des oeuvres de
Vincent Ballard, Sammy Baloji, John Batho, Denis Brihat, Alix Delmas, Philippe Durand, William Eggleston, Luigi Ghirri, Jan Groover, Ernst Haas, Saul Leiter, Mazdak, Constance Nouvel, Pierre et Gilles, Bernard Plossu, Julien Richaudaud, Paolo Roversi, Laure Tiberghien, James Welling.
Commissaire de l’exposition, François Saint-Pierre.
Église des Jacobins, rue Richard Coeur de Lion 47000 Agen Tél : 05 53 87 88 40
Musée des Beaux-Arts d’Agen, Place du Docteur Esquirol 47916 Agen Tél : 05 53 69 47 23
Ouvert tous les jours de 11h à 18h, sauf le mardi / Nocturnes les jeudis 15 juillet, 12 août et 9 septembre.