Exposition « Frouwaschuo » Lucille Uhlrich – Embrun

Exposition "FROUWASCHUO" Lucille Uhlrich - Embrun

Frouwaschuo” Lucille Uhlrich

Du 19 mai au 5 juin 2021

Depuis 2015, le centre d’art contem­po­rain accueille des artis­tes pour inter­ve­nir auprès d’élèves de dif­fé­ren­tes écoles pri­mai­res d’Embrun et des alen­tours. Cette année, c’est Lucille Uhlrich qui anime ces ate­liers et en res­ti­tue les échanges à tra­vers une expo­si­tion à la fois per­son­nelle et col­la­bo­ra­tive.


L’expo­si­tion Frouwaschuo évoque une fleur qui a dis­paru à l’état sau­vage. C’est la racine en vieux haut alle­mand de Fräueschühe qui signi­fie lit­té­ra­le­ment femme chaus­sure, et est connue en fran­çais sous le nom de Sabot de Vénus. Cette orchi­dée pous­sait il n’y a pas si long­temps dans la vallée natale de Lucille Uhlrich, qui s’y est d’ailleurs tout récem­ment établie après avoir habité Londres et Paris. Elle inves­tit une maison fami­liale, là, en lisière de forêt, où autre­fois réson­naient les mots alsa­ciens, alors inter­dits à l’école. Durant ces années, elle ne s’auto­rise pas de parler la langue des siens.

Aujourd’hui, l’artiste, qui a étudié la lin­guis­ti­que avant de suivre une for­ma­tion aux Beaux-Arts à Lyon, nour­rit cette his­toire de trans­mis­sion dans le silence des objets et de la pein­ture. Sa recher­che des formes et de leur mise en rela­tion tend à pal­lier les absen­ces des mots tus, des mots avalés, des mots oubliés. Ses sculp­tu­res se pré­sen­tent comme des corps aux ven­tres gon­flés pour avoir absor­bés trop d’air, alors même qu’ils sont le lieu de la tra­ver­sée, Lucille Uhlrich ne les referme en effet jamais. Les oeu­vres ainsi sont conte­nants autant que conte­nus. Elles sont tra­vaillées de l’inté­rieur par l’exté­rieur.

Issues d’agen­ce­ments de volu­mes que l’artiste réa­lise en terre cuite ou en plâtre avec des maté­riaux natu­rels col­lec­tés ici et là, des plan­tes séchées, du bois, des pier­res, ses oeu­vres sont le fruit de mul­ti­pli­ci­tés, d’allian­ces oppor­tu­nes des choses avec d’autres. Elles trou­vent leur réso­lu­tion dans l’expo­si­tion, leur mise en rela­tion, en atten­dant d’être à nou­veau rejouées, réin­ter­pré­tées dans un autre contexte, à d’autres échelles. Elles sont jusqu’au bout frag­ments d’un tout qui ne se sus­pend que le temps de quel­ques semai­nes, le temps de leur pré­sen­ta­tion.

Gilles Deleuze et Félix Guattari décri­vent dans Mille Plateaux ces mou­ve­ments de coexis­tence, entre des sujets que l‘on pour­rait pour­tant ima­gi­ner figés, isolés, comme cer­tains dia­lec­tes ou végé­taux, ils écrivent : « Il n’y a pas de langue en soi, ni d’uni­ver­sa­lité du lan­gage, mais un concours de dia­lec­tes, de patois, d’argots, de lan­gues spé­cia­les. (…) Il n’y a pas de langue-mère, mais prise de pou­voir par une langue domi­nante dans une mul­ti­pli­cité poli­ti­que. La langue se sta­bi­lise autour d’une paroisse, d’un évêché, d’une capi­tale. Elle fait bulbe. Elle évolue par tiges et flux sou­ter­rains, le long des val­lées flu­via­les, ou des lignes de che­mins de fer, elle se déplace par taches d’huile. » [1]

C’est ce sys­tème rhi­zo­ma­ti­que, le rap­pro­che­ment des choses de natu­res dif­fé­ren­tes les unes avec les autres et ensuite leur dis­per­sion qui défi­nit l’ensem­ble de l’œuvre de Lucille Uhlrich. Elle fait rela­tion, au même titre que les plan­tes se déve­lop­pent et com­mu­ni­quent, pas tant par leurs raci­nes, que par ce qu’elles offrent au vent et aux insec­tes qui les buti­nent.

Centre d’art contemporain Les Capucins, Espace Delaroche, 05200 Embrun. Tél. : 04.92.44.30.87.

Ouvert du mer­credi au diman­che de 16h à 19h

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