Damien Millet – Cœurs a Corps – Lyon

Damien Millet est né en 1973. Il étudie d’abord aux beaux-arts de Valence dans les années 1990, avant de s’investir pendant 20 ans dans une première vie d’entrepreneur.

Début 2018, un accident de vie, couplé à une très forte charge de travail le font tomber dans un burn-out. Hospitalisé durant plusieurs mois, il redécouvre le goût de peindre. Son support pour recommencer, sera numérique. De retour à Valence, il se lance dans ses premières compositions abstraites à tailles réelles. Il passe du stylet au pinceau, de la tablette à la toile.

Fin 2019, il prend la décision d’engager sa seconde vie dans une quête de plasticien. Il est prêt à laisser place à la forme, au sensible, à l’indicible, à l’invisible, à ce que l’intellect ne peut rationaliser. Son atelier devient son nouveau laboratoire, son nouveau terrain d’expérimentation. La couleur devient une évidence. La combinatoire des sous-ensembles, celles des teintes, des matériaux, des textures se développe, son vocabulaire se structure.
 

Damien Millet nous propose dans l’exposition « Coeurs à Corps » une composition cohérente d’oeuvres qui se répondent, se complètent, donnant à voir et à accueillir la multitude, l’impermanence, la complexité des interactions.

Il nous suggère de s’approcher des mystères de nos existences par la voie de l’expérience sensible. Il appelle à s’assoir là, à prendre possession du temps présent, à tenir sa posture paisiblement et à se rendre disponible. Son travail ne constitue pas l’illustration d’un discours puisqu’il aspire à tout dire en silence. C’est alors que les yeux peuvent s’ouvrir et faire jaillir une volonté de toucher, dans une perspective kinesthésique d’appréhension, voir d’appropriation des oeuvres. 

Damien Millet parvient à conjuguer, émotions, couleurs et matières pour faire miroir à l’inobservable, en lui, en soi, en nous.

Damien Millet est une vraie rencontre humaine, s’en suit des échanges artistiques passionnants et un coup de coeur pour sa démarche artistique. Comme le dit Vassily Kandinsky « créer une oeuvre d’art, c’est créer un monde » … le monde de Damien Millet est fait d’abstraction où la puissance des couleurs est instinctive, la spontanéité dirige son action et le fait de créer exprime une nécessité intérieure.

A la manière de Georges Valmier : il crée des compositions où s’entremêlent l’art abstrait géométrique d’une part, de l’autre l’art abstrait non-géométrique, que l’on qualifie aussi de biomorphique. Ce vocabulaire plastique caractérise ce dernier comme « procédant de l’intuition et de l’émotion plutôt que de l’intellect ». « Présentant des formes organiques plutôt que géométriques, curviligne plutôt que rectiligne, décoratif plutôt que structurel et romantique plutôt que classique dans son exaltation du mystique, du spontané et de l’irrationnel ». (*)

A base de copeaux séchés de peinture acrylique qu’il compresse, il crée sa matière première pour construire et dé/construire ses toiles. Le volume se fait, l’oeuvre de créée.

Aujourd’hui l’écologie est au coeur de toutes les préoccupations politiques, économiques et sociétales.

Damien Millet s’exprime à sa façon et décide de faire rentrer l’objet,  » l’objet usuel » en masse dans ses toutes dernières créations. Sous forme de tours, d’immenses sculptures réalisées à base de pots de yaourts et d’éponges, l’objet est détourné de façon spectaculaire, comme un assemblage surréaliste, avec des notions d’accumulations, de compressions une emphase critique de la société de consommation.

Caroline Capelle