Benoît Thiel – Michel Fourcade «Deux manières, une seule envie, la peinture» – Albi

Benoît Thiel – Michel Fourcade « Deux manières, une seule envie, la peinture »
Du 24 avril au 21 mai 2022 – Vernissage le dimanche 24 avril de 15 h à 19 h
« Deux manières, une seule envie, la peinture »
Sur la toile ou le papier, les superpositions et grattages de Benoît Thiel, des nuages de couleurs pures, de formes imaginées, posent les bases d’un beau travail plastique. Par la rapidité du geste, Benoît Thiel peut parfois produire des hasards qu’il décide non seulement de garder mais d’utiliser, pour aller ailleurs que là où il avait prévu.
Ce qui se nomme dans le langage pictural le « Repentir », et qui dans la non- figuration permet d’impulser de nouveaux gestes, de nouvelles couleurs, de nouvelles formes. Il cite Gerhard Richter, très grand peintre allemand difficile à classer, il est aussi bien abstrait, (je préfère dire non- figuratif) que figuratif : « Je n’obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n’ai ni programme, ni style, ni ligne, ni formes, j’aime l’incertitude et l’insécurité permanente ». Il est vrai que toute toile de Richter est un risque, mais qui nous ravit et questionne.
Benoît Thiel quant à lui reste non-figuratif, mais pas seulement, c’est ainsi que je n’aime pas dire abstrait, car l’abstraction pure est de l’ordre du concept, et tout comme Kasimir Malevitch si l’on pousse l’abstraction l’on arrive au carré blanc sur un fond blanc.
Dans ses derniers travaux qu’il m’ait été donné de voir, la transparence des couleurs et des superpositions produisent une grande légèreté, les gris sont des voiles recouvrant doucement certaines couleurs, pour en faire apparaître d’autres. Avec vigueur, on en revient à la rapidité du geste, Benoît Thiel, utilise la transparence avec une grande maîtrise. Benoît Thiel : « Mes peintures se veulent libres au sens que le regard du visiteur doit rester maitre de ses propres émotions ».
Avec Michel Fourcade, dérégulation de l’image, fondus-enchaînés plus que simples juxtapositions, les villes qu’il peint sont autant de charges d’énergie expressive où se lit son désir de mixer des visions parfois antagonistes : « J’aime associer et combiner certains éléments de villes pour susciter des correspondances plastiques qui, par-delà la signification ou le symbolique, caractérisent le monde d’aujourd’hui avec son mélange de vies, de genres, d’ethnies, de personnages ou de catégories. Chaque ville est en soi un formidable montage que je vois comme un amoncellement de formes d’où ressortent, en premier lieu, des cubes. Le cube étant la figure parfaite autour de laquelle tourne tout mon travail. »
De fait, c’est moins la sédimentation des formes qui se superposent, le palimpseste paysager ou l’accumulation urbaine qui intéressent Michel Fourcade que le choc visuel qui peut naître de la fusion dans le même espace de quelques éléments spatialement hétérogènes, choisis pour leur capacité d’emboîtement esthétique et la fiction plastique qu’ils révèlent ou inventent.
Toute forme qui apparaît semble toujours prête à se transformer en une autre.
Autant d’univers déconnectés-reconnectés auxquels la démarche absolument picturale de Michel Fourcade restitue un ordre à la fois lumineux, mais explosif par le choix du cadrage et des couleurs.
Jean-Paul Chavent, écrivain
Galerie Nadine Granier, 13 rue Puech Beringuier, 81000 Albi. Tél : 05 63 38 98 76