Aurélie Buridans « Terranera » – Bouzigues

Aurélie Buridans « Terranera »
Du 1 juillet – 30 novembre 2022 – Vernissage vendredi 1er juillet à 18h
Si le travail d’Aurélie Buridans est très poétique, il est aussi profondément ancré dans le réel, le quotidien et son temps. Il traite des paradoxes que nous vivons en tant qu’humains dans notre relation actuelle à la nature. L’homme a besoin de la nature pour survivre. Le Musée Ethnographique de l’Etang de Thau met en valeur les techniques et savoir-faire séculiers. L’artiste propose de décaler notre regard sur les territoires et un quotidien de production, d’habitat, de tourisme.
L’exposition Terranera est en rapport direct avec les thèmes de ses précédents travaux que sont le lien, la trace, le souvenir et le mouvement. L’artiste propose des installations, accumulations photographiques et d’objets du quotidien des travailleurs de l’étang. À l’occasion de cette exposition, Aurélie Buridans re-questionne la technique du collage : la réinvente, la déstructure en trois dimensions.
L’exposition est née du partenariat entre le fonds d’Art contemporain ID Of Arts et le Musée Ethnographique de l’Etang de Thau. Le fonds de dotation ID of Arts a été créé en 2013 avec l’idée première de créer un lien entre les artistes contemporains et le monde de l’entreprise. C’est une plateforme artistique et financière contribuant à la création artistique, la promotion et la diffusion des artistes contemporains.
Exposition durable et évolutive
Ma démarche se prolonge jusque dans la forme de l’exposition pour qu’elle ait le moins d’impact possible sur l’environnement (durée longue, scénographie évolutive, matériaux sources collectés et sélectionnés pour être le plus naturel, matériel scénographique vertueux ou de seconde main, médiation, ateliers parents-enfants) afin de sensibiliser le public aux problématiques de protection environnementale.
Imaginer la réalité, transformer la vie, de faire un pas de côté
Je tente de décaler le regard du public sur le quotidien.
Mes œuvres sont des rencontres.
Dans le cadre de cette exposition je présente des œuvres directement inspirées de mes rencontres avec les hommes et les femmes qui vivent autour de l’étang de Thau. J’ai été particulièrement inspirée par leurs savoir-faire, les « petits métiers » mis à l’honneur par le musée ethnographique qui m’accueille.
Leurs particularités, leur poésie au quotidien, le rapport direct aux éléments. Ces hommes tissent les motifs paysagers et nous interrogent frontalement sur les liens complexes qu’humain et nature entretiennent. Pendant les 9 mois de résidence autour de l’étang, j’ai rencontré les personnalités qui font la poésie et la force de ces lieux. Ils sont la première matière des œuvres de l’exposition. Sans en avoir conscience, ils me livrent des morceaux de vie que j’assemble, je colle, pour créer mes œuvres. J’espère que vous retrouverez une trace de chacun d’eux dans la globalité de l’exposition. C’est de leur terre dont je parle.
Terranera, collage de mots
Coller, lier, appondre, joindre.
Les gens, les matières, les motifs paysagers.
Ce territoire de l’étang de Thau unie les hommes à la nature qu’ils habitent.
Le nom de l’exposition Terranera est un collage en lui-même :
– Terranée. On appelle l’étang de Thau la petite mer, je garde un petit morceau, celui minéral du mot méditerranée.
– Nera. pour la couleur noire omniprésente dans le motif paysager, Terranera représente ce territoire de force, de contraste et d’élégance.
Les œuvres (liste non éxhaustive) :
Pierre vivante /Living stone
Installation, accumulation.
Faisant référence à l’arte povera et aux ready made de Marcel Duchamp, je présente un jardin-ville dont nous ne parvenons pas à identifier ce qui, du ciment ou de la nature, reprend ses droits.
Accumulation de lestes en ciment collectés dans les mas ostréïcoles, fabriqués à partir de moulages en ciments d’objets du quotidien, je détourne les gestes des travailleurs, complète l’accumulation des pièces que je fabrique moi-même auxquelles j’ajoute sel, eau, terre, cartons, plantes.
Ces formes fossiles, totems modulaires, évoquent la légende du village englouti sous l’étang de Thau. Le jardin-ville est soumise une fois encore à la cristallisation du sel de l’étang qui la fige dans ce temps particulier. Les cordes noires, sortent de mèches lancent le décompte de l’imminence de la catastrophe.
Herbier de vêtements de travail
Vêtements, plaques de plexiglass, serre-joints métal.
Les vêtements des travailleurs des mas ostréicoles et des territoires mitoyens de l’étang, collectés ou trouvés sur le territoire, gardent les traces de ciment, trous, accrocs, usure de l’activité. Elles sont ici mises en valeur, figées dans le temps comme une fleur dans un herbier, flottantes.
Les eaux blanches
Dos bleu, colle végétale.
Le sel est présent dans l’étang de Thau presque en même quantité que dans la mer. Remélangé à l’eau puis de nouveau évaporé, il cristallise et crée des motifs éthéré, fantomatiques qui évoque la forme de l’étang de Thau.
La nature travaille en symétrie notamment dans ses créations végétales. Les kaléidoscopes copient ce phénomène.
Âpres Votives / Harsh votives
Fer, peinture noire acrylique, pierres, végétaux séchés, photographie, colle végétale.
Petit autel dédié aux prières des hommes pour que la nature soit assez forte pour se sauver elle-même.
Nos prières ne s’élèvent pas comme elles le feraient, emportées vers le ciel par la flamme des bougies, les pierres lourdes les empêchent. Alors que les appels à l’action se multiplient pour que nous évitions une catastrophe écologique imminente, notre inaction nous révèle dans un nouveau paradoxe. Nous croyons plus que nous faisons.
Musée Ethnographique de l’Etang de Thau, Quai du Port de Pêche – 34140 Bouzigues
Jardin Antique Méditerranéen – 34540 Balaruc-les-Bains